Dès le milieu du XIXe siècle, les représentations élaborées jusqu’alors évoluent ; cela se traduit par un renforcement des débats autour de la question de la transmission de la tuberculose au sein des revues scientifiques. Cette réorganisation suppose de nouvelles orientations et de nouvelles politiques sanitaires dictées par la recherche de l’hygiène et une chasse effrénée aux miasmes urbains. 22L’exemple havrais se devait de s’inscrire dans une continuité normande. Les statistiques issues des premières enquêtes urbaines, notamment parisiennes, qui montrent une omniprésence de la tuberculose dans certains quartiers viennent renforcer la doctrine hygiéniste qui valorise les valeurs traditionnelles d’une France idéalement rurale. Le bureau d’hygiène, c’est l’application pratique des théories hygiénistes avec en premier lieu la surveillance sanitaire des populations. 38En cela, il prend exemple sur le dispensaire Gibert installé depuis 1875 près de l’hôtel de ville et dont la proximité avec les quartiers anciens et peuplés permet une fréquentation optimale année après année. 104 Son œuvre de préservation de l’enfance contre la tuberculose est fondée en 1903 et il meurt en 1907 des suites de la tuberculose (Jacques Roussillat, Un patron des hôpitaux de Paris à la belle époque. D'abord, son invention comme chiffre officiel en 1900 par Paul Brouardel, dans le rapport général qu'il présente à l'issue des travaux de la Commission extra-parlement… Dans le même temps, il constate 501 décès dus à d’autres affections respiratoires (bronchite, croup, catarrhe, broncho-pneumonie, bronchite capillaire, pneumonie, apoplexie pulmonaire, emphysème, asthme…). Le docteur Renon, maire de Clermont-Ferrand et vice-président de la Commission des hospices, comprend que les découvertes de Koch engagent à des nouvelles réflexions sur la maladie et sa diffusion : Toutes les autres maladies ont une évolution limitée. 30 ADSM, 5 M 57, Conseil central d’hygiène, délibérations (1831-1849). Sa vision consiste à améliorer la race humaine à travers un programme d’actions scientifiques basé sur les lois de l’hérédité, auquel viennent s’ajouter des propositions d’ordre politique destinées à modifier cette race. Le moyen le plus fiable pour endiguer l’endémie et améliorer la santé des élèves reste un examen médical dans l’enceinte même de l’établissement. 35La municipalité s’avère, devant cette polémique inattendue, incapable de trouver un compromis. La tuberculose se propage donc là où les conditions d'hygiène sont insuffisantes et les conditions de vie difficiles. 22 Jean Legoy, Le peuple du Havre et son histoire, 1800-1914, le cadre de vie, Fécamp, Éditions de l’Estuaire, 1982, p. 155. La Fondation Grancher. C’est le préfet du département, Leroy de Boisaumarié, qui en prend la présidence. Des maladies pestilentielles aux maladies émergentes », Santé publique, Société française de santé publique, no 14, 2002-2, p. 165-178. Éclairage Vaincre la tuberculose : défi majeur du XXIe siècle. 62 Bernard Hoerni, « La loi du 30 novembre 1892 », Histoire des sciences médicales, vol. 63 Paul Strauss et Alfred Filassier, Loi sur la protection de la santé publique, loi du 15 février 1902. Particulièrement active au XIXe siècle, à une époque où les méthodes d’assainissement de l’eau et l’hygiène étaient inexistantes et insuffisantes, elle a provoquésept pandémies : 1. C’est le cas par exemple de la Ligue havraise contre la tuberculose, qui se crée en 1902 à l’initiative du docteur Sorel, membre du conseil municipal, et du docteur Frottier, membre de la commission administrative des hôpitaux. Au début du XXe siècle, il faut se rendre à l’évidence que l’inspection médicale des écoles reste une utopie en Seine-Inférieure comme dans l’Eure : les rares municipalités ayant approuvé la loi n’engagent pas un contrôle réel sur la santé des écoliers. Ici intervient le concept d’inspection médicale des écoles. » Au sein de cette première liste, la tuberculose n’apparaît pas, preuve qu’elle n’est pas considérée comme une épidémie, mais comme une endémie. Rapport du Dr Evrot, délégué technique du CNDT dans la Seine-Inférieure en 1919, sur la situation du département en matière de lutte contre la tuberculose. En 1912 le docteur … Continuateur de l’œuvre de Laënnec et précurseur des découvertes de Koch, il a l’intelligence de découvrir puis de démontrer expérimentalement la virulence, l’unicité, la spécificité et la contagiosité de la tuberculose3. 5 juillet 1856. Il eut également une grande influence au niveau national dans le domaine de l’hygiène publique et de l’urbanisme, symbolisée par une proposition de loi déposée en 1886 à la Chambre des députés au sujet de l’organisation de l’hygiène publique (la future loi de 1902), la promulgation de la loi du 30 novembre 1894, dite « loi Siegfried », sur la création des habitations à bon marché, sans omettre son œuvre féconde à la tête du Musée social de 1894 à 192278. L’aide humanitaire est essentielle pour lutter contre la tuberculose. Méthode de MM. 15Même si ce rapport constitue un élément à charge contre le conseil d’hygiène, ce dernier est tout de même porteur d’une évolution lors de cette décennie. De 1906 à 1918, la France passe du cinquième au deuxième rang des pays les plus exposés d’Europe. Les personnes touchées par la pauvreté n’ont souvent pas accès aux médicaments dont elles ont besoin et la tuberculose, curable, devient alors mortelle. Œuvre Grancher, cinquantenaire 1903-1953, Préservation de l’enfance contre la tuberculose, 1953, p. 10. cit. L’Académie de médecine suit également cet engouement et se joint aux demandes étatiques et associatives ; elle émet le souhait à l’unanimité, dans sa séance du 10 novembre 1908, que les notions d’hygiène publique entrent « non seulement dans le programme des études, mais encore dans le programme des examens des écoles, lycées et collèges87 ». En réalité, cette omission fait partie intégrante de la doctrine hygiéniste puisque les zones de campagne sont enjolivées ; le docteur Lecadre note dans son étude que la plupart des servantes mortes de tuberculose et ayant quitté la campagne « bien portantes », sont venues « perdre leur santé dans l’insalubrité havraise29 ». 32La lutte contre la tuberculose reste difficile à définir en ce début de XXe siècle. La profession médicale souffre depuis le milieu du siècle d’une désaffection des vocations : alors qu’on dénombrait 18 099 médecins en 1847, on n’en compte plus que 14 920 (docteurs en médecine et officiers de santé) en 189158. D’ailleurs, l’obstination de la France paraît bien étrange, quand de nombreux pays ont adopté l’obligation de déclaration, comme l’Uruguay dès 1896, les États-Unis en 1897, l’Italie en 1901 ou la Grande-Bretagne en 1908. 2Si la découverte de l’art de l’auscultation en 1819 par Laënnec se révèle indispensable car par cet instrument il devient possible de décrire les lésions dues à la maladie, c’est un médecin militaire, Jean-Antoine Villemin, qui est à l’origine d’une avancée considérable pour la recherche fondamentale, lorsqu’en 1865 il expose à l’Académie de médecine le résultat d’expériences menées chez le lapin2. 25Entre temps, la loi de 1902 sur la protection de la santé publique ouvre de nouvelles perspectives sanitaires pour les municipalités et engendre surtout de nouvelles responsabilités, même si la gestion locale de la santé publique reste encadrée par l’État central, notamment par l’obligation de création de bureaux d’hygiène, auparavant perçus comme des centres expérimentaux52. Premier facteur de mortalité, elle est, selon le doyen Brouardel, responsable en France de 150 000 décès annuels sur 700 000. Déjà dans son discours émane l’inquiétant cheminement de la tuberculose, encore baptisée phtisie : Indépendamment des maladies contagieuses qui justifient à elles seules, aux yeux de tous, une institution sanitaire de prévoyance, ne doit-on pas rechercher les causes des deux plus grandes maladies qui constituent à elles deux plus de la moitié des décès : la phtisie pulmonaire et la cholérine des enfants40. 83 Antoine Léon, Histoire de l’enseignement en France, Paris, PUF (Que sais-je ? Jusqu’en 1914, le nombre d’enfants inscrits dans l’œuvre parisienne est en constante augmentation, mais, au crépuscule du conflit, l’association marque le pas, concurrencée par les nouveaux placements en sanatorium et en préventorium. Jalons et segments, Paris, L’Harmattan, 2001, p. 125-148. De l’hygiénisme à la suppléance parentale, Paris, Éditions Petra, 2005 ; Michèle Becquemin, « Les associations de protection de l’enfance et la puissance paternelle. Pour preuve, l’Annuaire statistique de 1910 indique le chiffre de 48 000 décès dans les villes de plus de 5 000 habitants55 (qui représentent approximativement la moitié de la population française à cette époque). Le XIXe siècle est ainsi marqué principalement par le développement de la clinique. Ce site utilise un pixel Facebook, qui permet d’évaluer la réussite de campagnes publicitaires. Cette fois, contrairement à la loi de 1892, on édicte une liste de maladies à déclaration obligatoire et une liste de maladies à déclaration facultative. En 1927 : 969 enfants vaccinés, ayant des contacts étroits avec des tuberculeux, entre 1921 et 1927, 3,9% décédèrent de tuberculose contre 32,6% pour les non vaccinés. Le corps que l’on sonde, et qui renferme le mystère de la maladie, occupe une place de plus en plus importante dans la médecine officielle. Elle reçoit de l’association philanthropique havraise un complément de fonds nécessaires à son fonctionnement, et c’est par le dispensaire Brouardel qu’elle recrute ses pupilles. Bien que son action soit limitée, avec une participation effective de 24 enfants en 190491, la colonie voit son activité s’amplifier au fil des années, puisqu’on y dénombre une soixantaine d’enfants pendant les mois d’été d’avant-guerre92. 31Alors que l’État se désengage pour éviter un conflit inutile et laisse le pouvoir entre les mains des médecins, cet immobilisme est déjà combattu par quelques départements français. Il est vrai que de nos jours la plupart des … 97 ADSM, 5 M 59, séance du 6 décembre 1892. Et sur le terrain, force est de constater que les actes émanant du pouvoir central subsistent toujours à l’état embryonnaire. En Seine-Inférieure, l’Association rouennaise pour la préservation de la tuberculose est à l’origine d’une colonie de santé aménagée en 1904 et située sur la commune du Mesnil-Esnard, au sud-est de Rouen. 21 Adolphe-Aimé Lecadre, Étude statistique, hygiénique et médicale relative au mouvement de la population du Havre en 1868, Le Havre, Imprimerie Le Pelletier, 1869. La Ligue havraise contre la tuberculose remporte ici sa première victoire. Ce qui fait dire à certains historiens que la diffusion des règles d’hygiène à cette époque serait moins le fait d’une action de l’État central que le résultat d’initiatives locales due à l’interaction entre de multiples acteurs de santé publique et de bienfaisance, dont les municipalités offrent un exemple53. Lorsque la maladie était encore considérée comme héréditaire, les médecins n’allaient pas constater une tuberculose dans une famille qui n’avait pas d’antécédent. C’est le cas de Léon Bernard, médecin des hôpitaux de Paris et un des plus ardents défenseurs de la médecine sociale au début du XXe siècle, qui a consacré nombre de ses travaux à la tuberculose des nourrissons. Baillière et fils, 1891 ; Isodore Strauss, « Hérédité de la tuberculose », dans La tuberculose et son bacille, Paris, Rueff et Cie, 1895, p. 499-566. Véritable diffuseur de nouvelles pratiques de santé, le bureau d’hygiène devient malgré tout le principal outil pour résorber les problèmes de l’urbain. Deux millions - dont 100 000 enfants - en sont morts. Dans cette famille tuberculeuse, l’œuvre de préservation prend les enfants encore sains de 3 à 10 ans, et les place à la campagne, dans des familles de paysans également sains, où nos pupilles sont confiés à d’excellents médecins de campagne qui choisissent les maisons de paysans et soignent nos enfants gratuitement. Téléphone : +49-(0)221-96441-101 info@malteser-international.org, Malteser International Numéro de compte : 20 20 270 IBAN : DE74 370601930002020270 S.W.I.F.T./BIC : GENODED1PAX (Pax Bank Cologne), Votre don a un impactFinancesActualitésMédiathèque. Pour enclencher une correspondance de fait, le conseil d’hygiène départemental envoie aux commissions cantonales un questionnaire qui porte sur plusieurs sujets : assainissement des localités et habitations, maladies épidémiques et transmissibles, épizooties et maladies des animaux, propagation de la vaccine, conditions sanitaires des populations industrielles et agricoles, médicaments livrés au commerce, eaux minérales, influence des grands travaux sur la santé publique, statistique des naissances et décès, météorologie. Principaux traits de l’évolution de la pop au 19e _ Essor démo modéré mais indiscutable. 33 ADSM, 5 M 61, Rapport d’inspection de M. Tougard au nom du conseil d’hygiène. Formule idéalement simple et scientifique ! 23À l’échelle départementale, le conseil central d’hygiène renforce d’une part ses liens avec les conseils d’arrondissements et les commissions cantonales et aborde d’autre part des thématiques en rapport à la tuberculose en cette fin de siècle. On peut retenir en particulier son ouvrage paru en 1946 (La tuberculose, Paris, Albin Michel), où il se montre très critique aussi bien sur les thèses « contagionnistes » issues des travaux de Villemin et de Koch que sur toutes les politiques antituberculeuses menées avant la seconde guerre mondiale (dispensaires et sanatoriums réunis) et qui ont conduit, selon lui, à des résultats dérisoires. 46Au même titre que des hommes de sciences comme Raoul Brunon, Albert Calmette ou Léon Bernard, le docteur Joseph Grancher a consacré à peu près toute sa vie exclusivement à une seule maladie, la tuberculose. Si 11 filiales ont été créées avant la guerre, 57 le sont entre 1918 et 1939109. Le mot sanatorium apparait au milieu du 19ème siècle quasi-simultanément à celui de tuberculose. Cependant, les centres d'inflammation de la tuberculose peuvent aussi se développer dans d'autres organes. Et si cette progression des décès était directement relative à la découverte du principe de contagion ? Néanmoins, les mêmes phénomènes de peur se répètent au travers d’une énième pétition avec son lots de phrases chocs : « nous ne voulons pas croire qu’elle laissera transformer une rue déjà si mal disposée au point de vue hygiénique, en un rendez-vous pour tous les tuberculeux du Havre, en un entrepôt de tout le linge souillé par ces malheureux malades76. Le caractère endémique et moins « spectaculaire » visuellement de la tuberculose contribue certainement à cette disposition. À l’issue de ces réflexions, de nombreuses enquêtes sont lancées pour contribuer à l’amélioration des conditions de vie et d’hygiène sur la base d’une causalité sociale entre la santé et la maladie. De la phtisie, « maladie romantique », à la tuberculose, « maladie sociale ». 11Le pouvoir hygiéniste est tel en cette fin de siècle qu’il conditionne la plupart des politiques sanitaires entreprises par les autorités françaises. 35 Olivier Faure, « Aspects anthropologiques, historiques et sociologiques de la santé et de la maladie en France et en Allemagne », Actualité et dossier en santé publique, no 16, septembre 1996, p. 3-6. Cliquez ici pour obtenir plus de détails sur notre suivi. Conférence faite à l’hôpital Saint-Jacques, le lundi 9 mars 1891, Nantes, Impr. A. Les grands maux de l’époque moderne 1. 24Tout au long de la Troisième République, les progrès de l’hygiène publique vont dicter des attitudes nouvelles de la part de l’État initiées par la mise en place de structures politiques et administratives spécifiques. L'organisme estime à 5 à 15 % le risque pour les p… L’un des arguments invoqués a trait au déroulement de la maladie ; la tuberculose n’est pas une affection qui tue rapidement et le comité pense que ce temps relativement long doit permettre au tuberculeux de prendre des précautions sévères pour que celui-ci ne représente pas un danger pour son entourage67. Ailleurs en Europe, les pouvoirs publics sont déjà dans une phase d’action en matière de lutte antituberculeuse ; en Angleterre, on assainit les logements et on isole les phtisiques, par contrainte si besoin ; en Allemagne, on interdit de cracher et on ouvre des sanatoriums ; en France, on ne fait rien hormis l’émergence de quelques initiatives philanthropiques. Elle supprime en effet les causes de la tuberculose ; causes lointaines : le taudis et la misère des grandes villes, qui préparent le terrain ; cause immédiate : la contagion familiale. Dans leur avis, s’en suit toute une série de griefs contre les tuberculeux, individus présumés dangereux notamment par les mauvaises habitudes qu’ils véhiculeraient : C’est surtout par ses crachats où se trouve en abondance le bacille de Koch, que le tuberculeux est dangereux pour son entourage ; tombés sur le sol, ces crachats se dessèchent sans rien perdre de leur virulence, ou quand ils sont sur le sol, le piétinement incessant surtout dans le logis encombré en font de la poussière […], pour toutes ces considérations, la commission vous propose d’émettre un avis favorable à la protestation des habitants du quartier de Tourneville75. Cliquez ici pour obtenir plus de détails sur notre suivi. On lui doit entre autres la création du Bureau d’hygiène, la mise en place d’une Commission d’assainissement en 1882, la fondation de la Société des cités ouvrières qui prévoyait qu’un locataire puisse devenir propriétaire, la réhabilitation des bains-douches et de l’Hospice général77. Les maîtres incitent leurs élèves à se laver les mains avant de prendre leur repas ou après être passés aux toilettes. 4 Pierre Guillaume, « Le débat contagion-hérédité depuis le XIXe siècle », Sociologie Santé, no 22, juin 2005, p. 46-59 ; John C. Waller, « The illusion of an explanation : the concept of hereditary disease, 1770-1870 », Journal of the History of Medicine and Allied Sciences, 2002, vol. cit., p. 176). Lire la bio. 49Finalement l’hygiénisme a, semble-t-il, pris une telle place dans la société française au XIXe siècle qu’il dirige et coordonne toutes les politiques issues du pouvoir central, des municipalités ou des associations. Les hygiénistes adoptent une « stratégie » pour faire appliquer leurs idées, et se lancent « dans la bataille politique pour mettre en œuvre les mesures d’hygiène et de salubrité qu’ils n’avaient cessé de préconiser, voire de réclamer36 » depuis quelques décennies par l’intermédiaire des conseils d’hygiène publique et de salubrité. Dans les années 1850, il est également fait référence à l’absence de continuité entre les discussions effectives des membres et les actions engagées sur le terrain. Toutefois, malgré l’éclectisme de ses attributions, on constate que le bureau d’hygiène n’offre pas une réponse claire au problème de la tuberculose, puisque les malades ne sont encore que trop rarement isolés du reste de la population ; les quelques privilégiés détectés par les médecins de l’organisme sont admis un temps à l’hôpital, puis retournent le plus souvent chez eux après une désinfection rapide de leur logement. En 1896, le conseil départemental émet également le vœu que des affiches soient placardées dans les tramways rouennais avec comme inscription « défense de cracher » afin de lutter contre la transmission des pathologies et en particulier la tuberculose pulmonaire51. De 1880 à 1889, 5 359 décès de phtisie sont enregistrés, soit une proportion de 4,91 pour 1 000 habitants ; puis, entre 1890 à 1899, le docteur Loir dénombre 6 480 décès soit une proportion de 5,4 pour 1 000 habitants. Elle se place chronologiquement entre les consultations des nourrissons dans les quelques dispensaires de salubrité existants, tel que le dispensaire Gibert au Havre, et l’âge adulte. s routes avec, sous les bras, le bidon et, au dos, la musette garnie d’un morceau de pain agrémenté d’une carotte ou d’un morceau de lard. Les hygiénistes sont donc tour à tour médecins, pharmaciens, chimistes ou administrateurs. ), Villes en crise ? Toutefois, on note encore un décalage entre l’assainissement des localités et des habitations (13 questions) et les maladies épidémiques et transmissibles (3). La maladie était autrefois appelée phtisie, ce qui signifie consomption, soit affaiblissement et maigreur extrêmes, en référence à la détérioration physique rapide causée par la tuberculose. 1829-1837 3. En clair, « sa promotion […] au statut de fléau social doit plus à la modification du regard que la médecine et la société portent sur elle qu’à l’extension réelle de ses ravages25. C’est encore eux que l’on revoyait le soir courbés, fatigués par une longue journée. 99 Michèle Becquemin, Protection de l’enfance et placement familial. 87 Mémoires de l’Académie de médecine, procès-verbal de la séance du 10 novembre 1908. Le nombre annuel de nouveaux cas dans le monde, incluant les cas de rechute, était en 2006 d'environ 5,4 millions . Les moyens limités, la dispersion des efforts, le manque de centralisation, l’ignorance populaire et l’absence d’une véritable politique antituberculeuse orchestrée au niveau départemental sont les caractéristiques principales de la lutte contre la tuberculose en Seine-Inférieure avant la première guerre mondiale. Reste que ces arguments ne pèsent guère face à la principale objection, imposée plus par l’opinion que par les médecins : les malades craignent la publicité de leur maladie, véritable tare aux yeux de la société. Ces mesures originelles sont couronnées par la création, en 1906, d’un ministère du Travail et de la Prévoyance sociale indépendant, ce qui traduit un enrichissement décisif des fonctions mêmes de l’État. 57, no 4, p. 410-448. 20Le bureau d’hygiène havrais se présente comme sa seconde création d’envergure. Ainsi, aucun précepte destiné à lutter spécifiquement contre la tuberculose n’est encore abordé dans les établissements scolaires. Les nombreuses épidémies qui se sont produites tout au long du XIXe siècle et surtout dans la période 1860-1876 sont l’une des causes principales de sa fondation. 34 Le premier d’entre eux est discuté lors de la séance du 3 mars 1860. 13 Patrick Berche, Une histoire de microbes, Montrouge, John Libbey Eurotext, 2007, p. 70. Leur inspection est centrée sur la santé des enfants, la salubrité des locaux et l’observation des règles de l’hygiène scolaire98. Ici, le concept d’aménagement du territoire s’impose ; en effet, face à un exode rural croissant, les autorités relancent l’idée de la campagne saine. Soutenez nos projets contre la tuberculose en faisant un don ! Celle-ci correspond au suivi sanitaire personnalisé de l’enfant au sein de la structure scolaire, ancêtre de la visite médicale périodique que l’on connaît actuellement dans les écoles françaises. Elle doit dorénavant compter sur l’accroissement et la réorganisation de la classe moyenne. Pour pallier à la défection relative des pouvoirs publics, le corps associatif se rassemble. Non, répondent encore les pathologistes, et nous refusons de souscrire à une pareille union […] Nous savons qu’il y a danger pour le produit de la conception à unir un tuberculeux à un autre individu, même d’une santé irréprochable5. Par auteurs, Par personnes citées, Par mots clés. L’enfant ne développa pas de tuberculose. Les personnes séropositives, les personnes souffrant de malnutrition, les personnes âgées et les enfants sont particulièrement vulnérables. 1800-1801. Dès lors, à l’aube du XXe siècle, il oriente son combat selon une expression devenue célèbre, « pour combattre victorieusement la tuberculose, il faut la devancer et non la suivre101 ». , p. 82. Les élus départementaux pensent que les quelques rétributions distribuées aux médecins finiront par les convaincre. 7La contagion acceptée par la majeure partie du corps médical et le paradigme constaté, les débats pour se protéger du mal prennent de l’ampleur en cette fin de siècle. Les personnes dont le système immunitaire est intact ne présentent pas de symptômes nécessitant un traitement, mais les personnes au système immunitaire faible développent généralement une pneumonie. Elle dispose en outre depuis 1883 d’un Comité consultatif municipal d’hygiène et de salubrité. ». 14 Bernard Nièpce, De la contagion et de la transmissibilité de la tuberculose, Grenoble, 1886 ; Gonzalve Menusier, La contagion de la tuberculose par les appartements. En consentant à l’ouverture d’un premier dispensaire à Lille, ville industrielle par excellence, en 1901, accolé à l’Institut Pasteur lillois et financé par des initiatives locales et privées, Calmette introduit une nouvelle ère dans la lutte antituberculeuse. Le bureau d’hygiène, c’est l’apogée de l’hygiénisme triomphant et l’entrée dans une nouvelle ère statistique. 82 « Le dispensaire antituberculeux d’Elbeuf », La Normandie médicale, no 3, 1er février 1906, p. 60-62. Les enfants placés de l’Œuvre Grancher, Paris, Erès, 1995. 1 Dans la première partie du XIX e siècle, la tuberculose, encore appelée phtisie, a deux caractéristiques principales : elle est héréditaire et romantique à souhait. Retenons ce dernier chiffre, car il va s’avérer intéressant en comparaison aux statistiques publiées à la fin du XIXe siècle. 32 ADSM, 5 M 61, conseil central d’hygiène, rapports présentés au conseil et procès-verbaux des réunions (1828-1880). Ainsi, même en admettant la contagion de la tuberculose, l’on est encore bien éloigné de la théorie de M. Villemin9. “Chapitre 1. Le docteur Gibert, conseiller municipal républicain fortement marqué par les problèmes sociaux dans sa ville, et notamment l’importance de la mortalité infantile38, est celui qui permet de convaincre l’assemblée municipale dirigée alors par Jules Siegfried, un ami de longue date39, de créer cette structure. La répercussion immédiate et évidente est l’omission des zones rurales dans la conduite de politiques à l’état encore embryonnaire au début du XXe siècle (absence de dispensaires d’hygiène sociale, peu de propagande, pas de réorganisation des hôpitaux de campagne…). 38 Emmanuel Bobichon, L’action sociale du docteur Gibert au Havre à la fin du XIXe siècle, mémoire de maîtrise, université de Rouen, 1995. 13Suite à l’arrêté du 18 décembre 1848 initié par le « chef du pouvoir exécutif », Louis-Napoléon Bonaparte, il se crée donc un conseil central d’hygiène publique et de salubrité du département de Seine-Inférieure le 20 juin 1849. 10 Hermann Pidoux, Études sur la phtisie, Paris, Asselin, 1873. Avec des pouvoirs publics parfois réticents à prendre des mesures d’envergure pour ne pas froisser les esprits susceptibles des médecins, les initiatives concrètes sont limitées. De cette volonté privée d’amener les enfants vers la campagne découle l’idée d’amener l’enfant vers la campagne dans le cadre scolaire. Pourtant, faute d’une rétribution raisonnable, cette recommandation est rarement respectée par les médecins et les visites s’espacent fréquemment. La ville de Rouen possède des caractéristiques semblables à son homologue normande : une croissance démographique forte, une insalubrité persistante dans certains quartiers et un taux de mortalité par tuberculose particulièrement élevé48. 7 Henri Lebeau et James Clark, Traité de la consomption pulmonaire, comprenant des recherches sur les causes, la nature et le traitement des maladies tuberculeuses et scrofuleuses en général, Bruxelles, L. Hauman, 1836, p. 261-262. La tuberculose est certes une maladie du temps, une maladie de « stades », mais les poussées évolutives rapides existent aussi. Celles-ci sont composées de cinq membres élus. Ces dernières, dont les caractéristiques principales visent à favoriser le développement des classes « méritantes » et à freiner celui des classes inaptes physiquement ou mentalement, vont tout d’abord se répandre dans la société anglaise puis en Europe. L'OMS estime par ailleurs qu'environ un quart de la population mondiale est porteuse d’une tuberculose latente, i.e. D’ailleurs, en aparté, il n’hésite pas à détailler les inconvénients du sanatorium : « le sanatorium prend le père ou la mère malade, mais laisse le plus souvent l’enfant dans les conditions les plus misérables ; de plus, il arrive fréquemment que le parent tuberculeux quitte le sanatorium, simplement amélioré, continuant à expectorer des bacilles ; il rentre dans sa famille et ce porteur de germes contamine tout son entourage102. Maladie ancienne... ‎ > ‎. Une polémique analogue se reproduit inévitablement un an après lorsque l’association, s’efforçant de trouver un endroit adéquat, jette son dévolu sur un immeuble situé dans un quartier ouvrier près de la gare, rue Haudry.

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