Archétype de l’Eternel féminin, le personnage de Shakespeare a suscité un véritable engouement au 19ème siècle qu’il s’agisse de la littérature romantique (elle-même influencée par Shakespeare), des évocations post-romantiques dans la critique d’art de T. Gautier 10, dans la poésie de T. de Banville, d’A. En effet, en septembre 2019, le magazine Public rapportait qu’elle était à la rue et ruinée. Soubiran J.- R. (2002) – « La représentation du marais dans l’imaginaire graphique et pictural symboliste », dans Aux rives de l’incertain. Selon la reine Gertrude, elle meurt noyée en cueillant des fleurs, mais Shakespeare laisse planer un doute. Zissmann, C., « Le secret du premier art poétique », Charleville-Mezières : Centre culturel Arthur Rimbaud, septembre 1986, cahier n°10. Paris, José Corti, 221 p. L’identification d’Ophélie à la nymphe devait, d’une certaine manière, indiquer le retour naturel de la jeune fille à l’élément liquide auquel elle appartient. Dans nombre d’œuvres, l’état extatique d’Ophélie indique que la mort de la vierge va purifier l’eau, lui rendant « la propriété de la substance féminine dissoute » (Bachelard, 1942). Of crowflowers, nettles, daisies, and long purples. Rappelant la métaphore gautiériste des néréides en « lis noyés » folâtrant dans l’eau 27, symbole floral de la pureté et de la beauté, la confusion de l’eau et de la fleur avec la féminité contribue ici à l’esthétisation du cadavre féminin 28. Chez elle encore, ce motif du « spectre flottant des eaux » qui nous poursuit si longtemps « que nous sommes devenus fontaines »…. Ophélie-Cyrielle Étienne est de retour en équipe de France. Un cliché de Delphine Balley (photo) s’en est fait l’écho. Amour ! Ce n’est qu’une maigre branche d’un arbrisseau de la berge qui rattache encore à la vie terrestre celle (1844) d’Eugène Delacroix, conservée au musée du Louvre (photo). Histoire et représentation des marais occidentaux du Moyen Age à nos jours. Le bois y était fréquemment présent, dans presque toute l’œuvre de Bresdin, chez Hébert, Millais, ou encore chez Hunt. Songeant à l’adieu de celui qu’elle aime – Radamès –, Aïda évoque ainsi le suicide : « Les flots du Nil rapide, pour jamais / M’offrent la tombe et la paix, / Et l’oubli de moi-même » (Verdi, 1871). Charnay-les-Mâcon, 1991. Des révélations auxquelles Larusso n’a pas été insensible. (1992) – La folie des saules. Antonin A. L’ophélisation est alors substantielle, l’eau est nocturne. Prévenez-moi de tous les nouveaux articles par e-mail. Dans chaque épisode, nous vous montrons nos techniques et astuces pour mettre en valeur la nourriture et vous donner l’eau à la bouche. Ils vont – c’est la mode nouvelle – se jeter dans le lac de Laffrey, et la brise légère pousse leur cadavre vers la route de Laffrey à La Mure, au point dénommé l’Eboulée ». Gracq J. Centre G. Bachelard. Bachelard, G., L’eau et les rêves : essai sur l’imagination de la matière. Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. « Un saule croît qui penche au-dessus d’un ruisseau / Et mire dans les eaux ses feuilles argentées. Dans l’Ophélie de Millais (1851), l’eau profonde s’apprête à « digérer Ophélie que sa robe apparente à une chrysalide » (Soubiran, 2002). Certifiée de Lettres Modernes et Doctorante en Littérature française, Myriam Robic a enseigné la poésie du 19ème siècle à l’Université Rennes 2. Ce pouvoir de l’eau rejoindrait donc les propos de Bachelard selon lesquels « L’eau humanise la mort ». Gracq J. « Des eaux merveilleuses / ondulent sous mes yeux : / et tous mes sens / ne me font voir qu’elles, / ces ondes mouvantes délicieuses !… / Puisqu’elles ont brouillé mon visage, / je brûle à présent moi-même / de rafraîchir dans le flot / l’ardeur qui me consume… / Moi-même, tel que je suis, / je veux sauter dans l’onde : / oh ! Paris, José Corti, 124 p. La description du paysage méditerranéen se charge donc de connotations patriotiques et idéologiques que l’on peut relier aux relations courtoises qu’entretient Banville avec le pouvoir notamment la Princesse Mathilde. La relation de l’eau à la mort est intime. « Les YEUX FERMES sous les feuilles fraîches de ses troènes, le chemin d’eau m’emportait chaque après-midi à reculons comme une Ophélie passée dans sa bouée de fleurs, dissolvant lentement du front les clôtures molles. P.-J. Bachelard G. (1942) – L’eau et les rêves. Edwards, Paris : Champion, 2001, tome VIII. Edwards, Paris : Champion, 2000, tome 1. Cette désintégration, cette perte de l’être dans la totale dispersion, possède une certaine poésie. Nés de l’argile, c’est-à-dire d’un mélange de terre et d’eau, les hommes retournent à l’argile, avant de revenir à l’eau des commencements : « Entre tes cheveux ruissellent / Fluides les gouttes d’eau réunies à nouveau / Et tu repars / Les deux bras en pointe sur ton corps tout droit / Te retrouver au fond de l’eau » (Plongeon, in Auzias, 1966). Nous avons tous, quelque part dans un coin du coeur, une blanche Ophélie qui pleure. Edwards, Paris : Champion, 1994, tome IV. Avec sa photographie – la neuvième dans une série de quinze intitulée « Histoire vraies »  –, cette artiste met en image une jeune paysanne qui a été retrouvée noyée dans le ruisseau du Lys. Brunel P., Rimbaud ou l’éclatant désastre, Seyssel : Champ Vallon, 1991. Là, elle s’agrippait / En voulant accrocher aux branches retombantes / Sa couronne de fleurs, quand un méchant rameau / Casse et la précipite avec ses gais trophées / Dans le ruisseau pleurant. […] Ophélie pourra donc être pour nous le symbole du suicide féminin. de L. Forestier, Gallimard, 1984. Les champs obligatoires sont indiqués avec *. (1976) – Les eaux étroites. De même, plus récemment : « Avant que ne tombent / Les jours, les fleurs, dans l’argent terni / Des miroirs, toutes surfaces réfléchissantes, / Là où peu à peu se dissoudraient / Leurs vieux visages » (Le futur du noir, in Adelen, 2002). Editions An Amzer, n.p. Boulic J.-P. ( 1999) – Seul un silence médite. Rimbaud, A., Poésies, éd. La nature est enfin mise en valeur par l’aspectpicturalde la scène. 6° L’eau et le symbole national. Si la thématique de l’eau dans la littérature et les arts a été l’objet de nombreux ouvrages critiques abordant ainsi des questions de l’ordre de l’affect 1, du rapport de l’eau à la féminité 2, adoptant une approche tantôt esthétique, générique et rhétorique 3, théologique et religieuse 4, tantôt philosophique et herméneutique dans la lignée des travaux de Bachelard sur l’imaginaire poétique de l’eau 5, ou posant des questions esthétiques et symboliques quant à la spécificité de tel ou tel type de cours ou de masses d’eau 6, cet article se propose de repenser 7 le thème aquatique dans la  poésie banvillienne à travers la représentation funèbre de la mythique Ophélie associée au motif de la noyade. Et, lui-même, je l’envelopperai de sables et de limons, et les Akhaiens ne pourront recueillir ses os, tant je les enfouirai sous la boue. Ajoutons que l’étymologie grecque du terme « nymphe » désigne « celle qui est recouverte d’un voile, fiancée ou jeune mariée » 41 : la représentation d’Ophélie coïncide ainsi avec le thème de la jeune fille sur le point de se marier et le motif du voile – voile funèbre, voile marial, voile de l’onde – qui est convoqué par la majorité des poètes qui mettent en scène Ophélie dans la seconde moitié du 19ème siècle. Alix, R., L’Univers aquatique de Lamartine. Ainsi, les libations pour les défunts ont pour objet la fin des souffrances et l’apaisement en provoquant une mort totale. (Rimbaud, « Ophélie »). Ophélie va jusqu’à se substituer à la lune, astre féminin par excellence, non seulement par une comparaison implicite au mythe floral et funèbre de Perséphone, déesse du monde végétal puis déesse des Enfers souvent associée à la lune dans la littérature antique 20, mais aussi par le motif récurrent de la pâleur du visage qui fait métaphoriquement figurer un astre blanc dans l’onde étoilée. Si Ophélie se rattache à une symbolique de l’eau mélancolique et funéraire comme l’indique Milan Kundera qui résume magistralement la destinée indissociable d’Ophélie et de l’élément liquide 23, d’autres mythes tragiques lui sont traditionnellement associés qu’il s’agisse de mythes féminins comme Sappho, poétesse grecque de Lesbos qui, après avoir trahi le « Rite » lesbien, se suicide en se jetant dans la mer du cap de l’île Leucade, ou de mythes funèbres masculins comme Orphée dont la tête flotte sur les flots de l’Hèbre après avoir été mis en pièce par les Ménades. Et le soir, Crocolou na quune envie : prendre son bain ! Possédé par l’eau, on oublie le corps pour devenir pensée et ne faire qu’un avec l’objet de son désir. Helm, Y. dir. Ce qui a été vu et chanté, la lune, le soleil ou le monde, est emporté dans la dérision : « Ciel ! (Gautier). Hamlet ! 3La sensibilité romantique française retient dOphélie la passion malheureuse et la folie, tantôt égarement amoureux, tantôt douleur morale, a… Ces représentations d’Ophélie ne sont pas systématiques si l’on consulte l’« Ophelia » 34 de Heym, poète expressionniste allemand, qui convoque non seulement un bestiaire répugnant entrelaçant élément aquatique et règne végétal autour d’une Ophélie cadavérique mais joue également d’une analogie entre l’eau et le tombeau, « lieu de la putréfaction et de la vermine » comme l’indique R. Schosmann 35. La qualification d’Ophélie Aspord Elle est représentée flottant dans l'eau, mais on ne peut déterminer s'il s'agit du sommeil ou de la mort . […] L’eau est le symbole profond, organique de la femme qui ne sait que pleurer ses peines. Ophélie/ Cueille au bord du ruisseau la fleur déjà pâlie » (« Metz et Nancy »), « La blanche Ophélia flotter, comme un grand lys » (« Ophélie »). Blain, M. et Masson, P. dir. Darras, J., La mer hors d’elle-même : l’émotion de l’eau dans la littérature. En effet, l’immersion supprime les formes, les signes et les événements : rien ne lui survit. Dans cet extrait, selon la reine … 2A la différence de Salomé, autre figure mythique emblématique de la fin du siècle, lintérêt pour le personnage dOphélie se manifeste en France dès la première moitié du siècle, lié à lengouement que la bataille romantique a fait naître pour le théâtre de Shakespeare. « Je ressens la fraîcheur de l’eau noire contre leurs flancs [quatre ragondins], ce mouvement trouble et d’amitié pure. Edwards, Paris : Champion, 1994, tome III. Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Il ne s’agit pourtant que d’un personnage secondaire amoureux du héros, faible psychologiquement, qui sombre peu à peu dans la folie. Elle sera, ainsi que le dit Bachelard, « l’occasion d’une des synecdoques poétiques les plus claires. Dijon : Ed. Lire la suite Ca donne faim Ophélie Delmarle 1 juin 2020 Commentaire Banville, T. de, Œuvres poétiques complètes, Les Cariatides, dir. Dans « Mascarades », le fleuve devient non pas le lieu extatique de la mort et de la raideur corporelle mais le locus amoenus d’un dynamisme illusoire. Elle récuse ainsi tout principe narcissique souvent attribué à l’onde en se substituant à l’astre lui-même 21 contrairement à l’Ophélie de Murger (« Sur les claires eaux tandis qu’elle penche/ Son pâle visage et le trouve beau »). Certains paysages feraient l’objet d’archétypes, « c’est-à-dire des formes héritées universellement présentes dont l’ensemble constitue la structure de l’inconscient » (Jung, 1953). Voici quelques références bibliographiques : Le suicide a pu être appréhendé comme une ultime quête du plaisir ou du bonheur. Glisse sur sa poitrine. (1970) – La presqu’île. Prévenez-moi de tous les nouveaux commentaires par e-mail. L'eau est à 24 degrés ; l'air à 28. Des milliers de livres avec la livraison chez vous en 1 jour ou en magasin avec -5% de réduction . Virginia Woolf est allée au bout de cet accueil. L’horreur de la mort a disparu pour céder la place à une sorte de douceur onirique suggérée par l’élément liquide : Parmi le thym (Banville, « A Henry Murger »). » (Gautier), « Sur l’onde calme et noire où dorment les étoiles/ La blanche Ophélia flotte comme un grand lys », « le long fleuve noir » (Rimbaud) 19. Le thème du sommeil et de la mort est un sujet central du courant préraphaélite, comme le montre le tableau Sleep and His Half-Brother Death de John William Waterhouse. Banville insiste donc sur ce mythe du voyage par une isotopie liée au courant ou aux types particuliers de cours d’eau qu’il s’agisse du « torrent » ou de « l’onde » : Après avoir souligné l’aspect statique de l’eau au début de son poème (« flotte très lentement »), Rimbaud use également du cours d’eau le plus emblématique du voyage, le fleuve, tout en faisant du corps féminin un spectre, un fantôme qui erre sur les rives du Styx 18 : « Voici plus de mille ans que la triste Ophélie/ Passe, fantôme blanc, sur le long fleuve noir ». Bachelard insistait, à ce titre, sur l’image de l’eau funéraire développée depuis les époques primitives et qui véhiculent nombre de valeurs inconscientes autour de la mort « par l’image du voyage sur l’eau », « les légendes de la funèbre traversée ». L’eau et les yeux échangent donc leurs vertus jouant sur les ressources d’une analogie stéréotypée à l’image de deux vers tirés de la « Clymène » des Cariatides : « Mes yeux voilés de pleurs se changent en ruisseaux », « Et mes yeux étoilés pleurent comme deux sources ». Un archétype est quelque chose de semblable à une vieille gorge encaissée, dans laquelle les flots de la vie ont longtemps coulé. Et la boue sera son sépulcre, et quand les Alhaiens voudront l’ensevelir, il n’aura plus besoin de tombeau ! Dans le récit de la reine, la thématique de l’eau est mise en place, liée aux fleurs, à la folie, à l’accident, au suicide. Et qu’il a vu sur l’eau, couchée en ses longs voiles, La blanche Ophélia flotter, comme un grand lys. Le mythe a également été largement exploité par la musique (Berlioz, Strauss, Brahms) et la peinture romantique, symboliste et les préraphaélites anglais : on pense alors à Delacroix (La Mort d’Ophélie, 1857) qui dessina une série de lithographies pour la pièce de Shakespeare, P. Delaroche (La Jeune martyre, 1857), O. Redon (Ophélie, 1905), J.-E. Millais (Ophelia, 1852) dont la toile fait figure de référence, Waterhouse (Ophelia, 1894) ou M. Lemaire (Ophelia, 1880). (1997) – Boue. Sur son front. Désigné comme un « élément mélancolique » par G. Bachelard (123) et un « élément mélancolisant » par Huysmans conformément à ses nombreuses exploitations par la littérature romantique, l’eau se présente comme le reflet de la mélancolie, de la tristesse ou de la folie d’Ophélie, aspect déjà suggéré par l’association des larmes aux eaux du fleuve dans l’hypotexte d’Hamlet par Laertes : « Too much of water hast thou, poor Ophelia,/ And therefore I forbid my tears ». Elle vient de créer sa petite entreprise qui s'appelle « 1. Mais ce ne fut pas long. Quel bleu noir d’eau profonde sous les arbres penchés ! Imprimer ce poème. ophélie texier Crocolou aime l'eau : Aujourdhui, il pleut. 1 Nombreuses sont les critiques qui ont abordé le personnage d’Ophélie dans une perspective féministe : Elaine Showalter, Carole Thomas Neely, Gabrielle Dane, Emi Hamana, Joan Montgomery Byles, etc.. 2 Dans « “As your daughter may conceive” : A note on the fair Ophelia », Erik Rosenkrantz Bruun affirme que les fleurs choisies par Shakespeare indiquent qu Ophélie était enceinte. That shows his hoar leaves in the glassy stream ; There with fantastic garlands did she come. ô pâle Juliette !/ […]/ Le cœur tout rafraîchi dans les eaux du Léthé » 16. C’est un plaisir de lire des analyses de cette qualité. Le motif de la noyade chez les trois écrivains est, en ce sens, très proche du célèbre « Dormeur du val » puisque Rimbaud y convoquait, parallèlement à l’horrible blessure, l’image de la douce mort au bord de l’eau (« dort », « lit », « dort », « fait un somme ») et une nature anthropomorphique (soleil, rivière, val) chantant une berceuse au soldat désigné par la métaphore filée de l’enfant (« enfant malade ») 33. Notes. La métaphorisation du Styx est clairement exprimée dans un poème non recueilli dédié à « Rébecca Félix » où le poète apostrophe Ophélie et Juliette : « O naïve Ophélie ! Un ver luisant brille. Murger (« Ophélia », Les Nuits d’hiver), de J. Laforgue (« Dimanches », Fleurs de bonne volonté ; « Hamlet ou les suites de la piété filiale », Moralités légendaires) ou de la littérature décadente qui fait d’Ophélie, une femme martyre sanctifiée par sa noyade parmi les fleurs contrairement à toutes les femmes fatales (à l’homme) telles que Salomé, Lilith et Judith : « A la Salomé couverte de bijoux, sophistiquée, fille de feu, s’oppose, dans la mythologie décadente, l’innocente Ophélie, entourée de fleurs, la fille de l’eau. Pour faire sensation dans la prochaine saison de Danse avec les Stars , la chanteuse ne lâche rien. Banville, Gautier et Rimbaud usent donc constamment de l’euphémisme de la mort en faisant de l’eau un élément anesthésique et apaisant comme le suggère l’isotopie du sommeil. Il faut comprendre sa mort prodigieuse » (Gloaguen, 1992). Ainsi, dans un article intitulé « Le mystère du lac de Laffrey est éclairci » (Le Dauphiné Libéré, 22 juin 1926), le maire de Saint-Théoffrey exprima une indignation dépourvue d’empathie : « Pourquoi (…) viennent-ils [les désespérés de la vie] se noyer à Saint-Théoffrey. Près d’elle tout incline à la mort » (123). Sa mort est relatée par la reine dans la scène 7 de l’acte IV. L’eau, mythes et réalité. P.-J. (Ouvrez la mort, in Antonin, 1973). Selon Eliade (1964), l’eau tue le mort, elle le dissout en abolissant définitivement ce qui reste de sa condition humaine et en le solidarisant avec les semences. Une longue anguille blanche. A l’arrière-plan de ces apparitions répétées, le thème de la noyade s’affirme. Her clothes spread wide ; And, mermaid-like, awhile they bore her up ; Which time she chanted snatches of old tunes ; Unto that element : but long it could not be. Crocolou aime l'eau (Français) Relié – 2 mars 2016 de Ophélie Texier (Auteur) › Consulter ... n°91986 dans Livres pour enfants (Livres) Si vous vendez ce produit, souhaitez-vous suggérer des mises à jour par l'intermédiaire du support vendeur ? Un désir de néant, d’anéantissement est à l’œuvre. Catégories Arthur Rimbaud, Mort, Nature. Dans son odelette « A Henry Murger », Banville suggère aussi une Ophélie présentant ses yeux clos au ciel nocturne, l’eau jouant le rôle de miroir des astres (« Pâle, déchevelée/ Et dans l’onde étoilée ») tout comme Rimbaud (« Et le Poète dit qu’aux rayons des étoiles/ Tu viens chercher, la nuit, les fleurs que tu cueilles »). A noter la dimension christique de ces noyades et morts aquatiques suggérée par l’image du « suaire de l’onde » ou de la couronne d’épines symbolisée par la couronne de fleurs : Quand Ophélie est « couchée en ses grands voiles » chez Rimbaud, elle prépare elle-même sa toilette funèbre chez Banville par la cueillette de fleurs qui viendront orner ses bras et son visage. Paris, José Corti, 308 p. / Ses vêtements enfin, lourds de ce qu’ils ont bu, / Entraînent la pauvrette et son doux chant expire / En un vaseux trépas… » (Shakespeare, Hamlet, IV, 7). Quand Lamartine révélait le pouvoir consolateur et amnésique de la mer de Leucade à travers le motif du suicide par désespoir (« Sapho, élégie antique ») 24, Banville rattachera seulement Sappho au foyer paradisiaque de Lesbos, île des lesbiennes dont la sensualité est suggérée par le paysage marin : « Près du flot glorieux qui baise Mitylène/ Marchent, vierges en fleur, de jeunes poétesses ». Il effarouche. Elles ont une profondeur significative et sont ainsi pourvues d’un curieux pouvoir d’engloutissement. Dans les années 1850, quelques symbolistes ont offert des images pleines d’une poésie morbide. Paris, Payot, 393 p. J’aurais envie de m’y enfoncer graduellement, sans pour autant oser une fin réelle. Pourquoi l’eau courante et pure, méandrant dans un écrin de végétation entretenue, est-elle si appréciée ? Comme une main les chauves-souris, Avec leurs ailes sombres, mouillées par l’eau, Elles sont comme une fumée dans le sombre courant, Comme des nuages de nuit. / Comme si personne ne pouvait dévier, empêcher. Rincer la a l'eau claire (de préférence déminéralisé, pour eviter le blanchiement) Dans le chapitre Le complexe d’Ophélie (in L’eau et les rêves) Gaston Bachelard nous dit: » L’eau […] est la vraie matière de la mort bien féminine. Il peindra plusieurs représentations d'Ophélie dont la plus connue la représ… Genève, Georg, 770 p. 5° L’évocation de lieux géographiques particuliers et de cours d’eau notamment la Seine, Banville s’étant vivement intéressé au paysage urbain dans les Odes funambulesques (« L’Amour à Paris ») et les derniers recueils tels que Sonnailles et clochettes (« La Nuit ») et Dans la fournaise (« Aimer Paris »). La noyade est également le signe d’un éveil à une autre réalité puisqu’elle rend la connaissance accessible. Quimper, Calligrammes, 62 p. Quant à l’eau funéraire de l’Hèbre, elle compatit au martyre du poète orphique qui autrefois charmait de sa lyre, torrents, rivières, fleuves ou les eaux du Styx pour libérer Eurydice. L’eau devient alors le cosmos de la mort ; l’ophélisation lui devient substantielle. Pour expliciter cette notion, Jung a d’ailleurs recouru à une comparaison d’ordre aquatique. Il en fait le lieu de l’enlisement, un passage vers une prison liquide où l’espace et le temps se dilatent à l’infini, que ce soit dans le bas-relief en bronze (1876) dû à Auguste Préault et disponible au musée d’Orsay, dans La Jeune Martyre (1855) de Paul Delaroche au Louvre, ou dans l’huile sur toile intitulée Ophelia (1883) peinte par Alexandre Cabanel. Immobiles, stagnantes ou silencieuses, les eaux mortes suscitent le sentiment de fatalité hostile tant elles tendent à unir leur destin à celui de l’homme. Eliade M. (1964) – Traité d’histoire des religions. Modèle unique ». Est-ce un suicide ou un accident ? Ce fétu, c’est Ophélie qui apparaît dans Hamlet. Demi-fantôme, elle est l’image de la dissolution. « L’immersion équivaut, sur le plan humain, à la mort, et sur le plan cosmique, à la catastrophe (le déluge) qui dissout périodiquement le monde dans l’océan primordial » (Eliade, 1964). De fait, l’absorption par l’eau fascine ; et dès l’Antiquité des curiosités naturelles ont été diffusées par le texte : « Ctésias rapporte qu’il y a aux Indes un étang appelé Sila, où rien ne surnage et où tout s’enfonce ; Caelius dit que chez nous, dans l’Arverne, les feuilles mêmes s’enfoncent ; et, selon Varron, les oiseaux que leur vol y a portés meurent » (Pline l’Ancien, H.N., I, 18). / Mauvaise pente. J. Corti, 1985. Tout objet susceptible d’empathie réveille le motif de l’engloutissement. Comme nombre de poètes, Banville associe, de plus, l’image d’Ophélie à une nymphe des eaux (néréides, naïades ou autres divinités des eaux), association nourrie depuis le Hamlet de Shakespeare comme l’indiquent la réplique d’Hamlet du célèbre monologue To be or not to be (acte III, scène 1) 36 et la réplique de la Reine (acte IV, scène 7)  : « Voici la belle Ophélie ! Balinec Y. Une grille végétale et une eau stagnante piégeaient l’espace en l’immobilisant. Un corps flottant sur une eau dormante rend le milieu mortifère. Paris, José Corti, 75 p. Ce topos funèbre se trouve renforcé chez Gautier et Rimbaud par nombre de notations visuelles sur la profondeur et la couleur de l’eau : « Quelle fraîcheur humide, quels verts aquatiques et glauques ! Elle sombre dans la folie et meurt, par accident ou par suicide, lorsque Hamlet (son amant qui l’a délaissée) assassine son père. Liberté ! Paris : Hatier, 1991. Ponge F. (1962) – Pièces. Ophélie, ce personnage dont la mort interroge éternellement, se noie dans l’eau. Quant à Ophélie Winter, elle a vécu des moments difficiles. puissent ses vagues / me rouler bienheureusement, / puisse mon désir disparaître / dans le flot !… »  (Wagner, Siegfried, III, 3). Il y a là peu de lumière, peu de végétation : seulement les centrales de filtrage d’énormes bivalves. Jung C. G. (1965) – L’âme et la vie. Rennes : Presses Universitaires, 2003. Ce peut être un tronc noyé, ou un animal aussi inattendu soit-il…. Les archétypes sont précisément comme des lits de rivières, que l’onde a délaissés, mais qu’elle peut irriguer à nouveau après des délais d’une durée indéterminée. Ophélie est un personnage de fiction de la tragédie d’Hamlet, l'une des plus célèbres pièces de William Shakespeare. Dans cette tragédie, elle est la fille de Polonius et la sœur de Laërte. ---, Œuvres poétiques complètes, Les Exilés, dir. Avec le complexe d’Ophélie, la mort aquatique apparaît sous une forme renouvelée : « (…) le fétu emporté par le ruisseau est l’éternel symbole de l’insignifiance de notre destin » (G. Bachelard, 1942). Le désir de fusion avec la matière, de faire corps avec elle, est vif quand il s’agit d’eau : « Quelquefois il m’a semblé que j’y [le long des routes] poursuivais le règne enfin établi d’un élément pur – l’arbre, la prairie, le plateau nu à perte … (Rimbaud, « Ophélie »), Sa tête repose sur l’oreiller du flot qui soulève ses cheveux mêlés de brins de paille et de fleurs des champs. L’abandon à l’eau et à ses courants produit une grande jouissance. Aussi les thèmes de l’enlisement et de la dissolution peuvent-ils être distingués. ---, Œuvres poétiques complètes, Odes funambulesques, dir. (1991) – Ponderales. En effet, le dispositif juridique français, les usages élaborés par les communautés locales ou encore les pratiques de gestion les plus largement préconisées trahissent des modalités d’appréhension archétypale. Bachelard relève d’ailleurs cette métaphore en précisant dans le chapitre « Le Complexe d’Ophélie » extrait de L’eau et les rêves : « L’eau qui est la patrie des nymphes vivantes est aussi la patrie des nymphes mortes. En effet, Ophélie n’est pas sujette aux verbes d’état mais aux verbes d’action la ramenant, par un flash-back ante-mortem, à la cueillette des fleurs près de la rivière où elle se noie. Mourir de cette façon a parfois paru irrésistible : « Ophélie, Ophélie / Ton beau corps sur l’étang / C’est des bâtons flottants / A ma vieille folie » (Laforgue, 1887, Moralités légendaires). » Dans son appartement, Ophélie Guillaume peste, les pieds nus dans l’eau. 3,9 sur 5 étoiles . Expédié et vendu par Amazon. Emaz (1997) souligne la direction du mouvement, l’inclinaison de la vie : « Pas plus de honte que de refuge. En effet, cherchant à suspendre ses guirlandes de fleurs aux branches d’un saule, la jeune héroïne de Shakespeare, fiancée malheureuse d’Hamlet, glisse puis se noie dans une rivière 8. / C’est là qu’elle s’en vint sous de folles guirlandes, / Pâquerette, coucou, ortie et cette fleur / Qui dans le franc parler de nos bergers reçoit / Un nom grossier, mais que nos pudiques fillettes / Nomment patte-de-loup. C’est dans l’eau que s’achève la boucle : « Je suis le maître / D’un bateau / Qui n’est pas mien / Et qui s’enfonce / Corps et biens » (Seconde Traversée, in Balinec, 1991). Bien souvent, mieux que les vaines conclusions issues des études scientifiques, l’imaginaire poétique et artistique rend compte des attitudes à l’égard des écosystèmes aquatiques, comme si ces derniers réveillaient des aptitudes naïves, spontanées et enfantines chez celui qui rêve trop de l’eau.

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