I Les caractéristiques d'une pièce de théâtre A Les spécificités du théâtre : une œuvre en représentation 1 Une double énonciation 2 Le dialogue 3 Le monologue 4 Les didascalies 5 Autre temps, autre lieu 6 Du texte à la scène B La structure d'une pièce 1 Un récit organisé 2 La scène d'exposition 3 Le nœud et les … Selon la préface de son œuvre parue en 1682, « son exercice de la comédie ne l'empêchait pas de servir le Roi dans sa charge de valet de chambre où il se rendait très assidu[66] ». Il meurt à l’âge de 51 ans, quelques heures après avoir tenu pour la quatrième fois le rôle-titre du Malade imaginaire. » Ce thème sera exploité dans la pièce Élomire hypocondre (1670)[81] et, plus encore, dans la biographie romancée La Fameuse Comédienne (1688), qui dresse de « la Molière » un portrait extrêmement négatif[n 37]. Il n'égratigne ni le roi ni le clergé, ce qui eût été impossible, ni même, ce qui eût été délicat, les financiers. ». C'est au metteur en scène qu'il revient de distribuer les rôles, de diriger les acteurs, de concevoir décors, costumes, ambiances sonores et d'assurer, par la rigueur et la cohérence de ses choix, la qualité de la représentation. Lavement. Ils l'ont obligé à la forme la plus efficace, et la plus pénible sans doute, de la censure, à l'autocensure. « Me veux-tu voir pleurer ? Molière est donc enterré de nuit le 21 février dans le cimetière de la chapelle Saint-Joseph[164]. La paternité des œuvres de Molière est quelquefois l’objet de contestations depuis qu’en 1919 le poète et romancier Pierre Louÿs annonça, dans la revue littéraire Comœdia[338], avoir mis au jour une supercherie littéraire. », En élevant l'art de la comédie au niveau jusque-là tenu par la tragédie, Molière était conscient d'innover et s'est expliqué sur ses choix théoriques dans La Critique de l'École des femmes (1663). Deux jours plus tard, il verra Sganarelle ou le Cocu imaginaire, « petite comédie » en vingt-trois scènes en vers, qui sera, jusqu'à la mort de Molière, la comédie la plus souvent représentée par la troupe[61]. » Cependant, c'est cette toux qui a abrégé sa vie de plus de vingt ans[152]. Après Amphitryon créé en janvier, c’est la deuxième pièce adaptée de Plaute en une année. Les comédiens s’engagent à lui verser une pension de 1 000 livres aussi longtemps que la troupe subsiste. Molière de A à Z, Écriture Molière. Le public, qui le comprend, se sent supérieur à lui, et rit de cette supériorité. De retour à Paris en 1658, il devient vite, à la tête de sa troupe, le comédien et auteur favori du jeune Louis XIV et de sa cour, pour lesquels il conçoit de nombreux spectacles, en collaboration avec les meilleurs architectes scéniques, chorégraphes et musiciens du temps. », Le 1er décembre 1666, la troupe part à Saint-Germain pour de grandes fêtes données par le roi, qui mobilisent toutes les troupes de Paris et dureront jusqu’au 27 février 1667[119]. Et lorsque Scapin vient annoncer au vieux Géronte que son fils a été emmené prisonnier sur la fameuse galère, qu’il faut le racheter bien vite, il joue avec l’avarice de Géronte absolument comme Dorine avec l’aveuglement d’Orgon. » nous donne la sensation très nette d’un ressort qui part. Décembre 1665 : très longue interruption des représentations de la troupe. Il n'y eut pas été un moment qu'il envoya demander à sa femme un oreiller rempli d'une drogue qu'elle lui avait promis pour dormir. » Ainsi que l'observe Patrick Dandrey, « le spectacle comique nous réunit dans la connivence de ce rejet manifesté par le rire : par là, il est agent de réconciliation, d'euphorie[245] ». Fils d'un tapissier ordinaire du roi, il fit ses études au collège de Clermont où les jésuites assuraient l'instruction des fils de la noblesse et de la riche bourgeoisie. Le personnage vit dans un univers chimérique qu'il s'est créé et où il est seul: cocus imaginaires, malades imaginaires, chrétiens illusoires, faux nobles, faux savants[283]. Saison 1670-1671 : Louis XIV, qui vient de recevoir à Versailles l'ambassadeur ottoman Soliman Aga[131], veut donner à sa cour une comédie-ballet où des Turcs apparaissent sur scène à leur désavantage. Sur les études du futur Molière, il n’existe aucun document fiable. — Nérine : Tout Chin-Quentin a assisté à no noce[264]. En 1680, un décret royal fait obligation à la Troupe du Roy à l'hôtel de Guénégaud de fusionner avec la Troupe Royale de l'hôtel de Bourgogne : c'est la naissance de la Comédie-Française. Dans Amphitryon, Mercure prend la figure du valet d'Amphitryon, Sosie, pour servir les desseins amoureux de Jupiter. Canevas (n. m.) : éléments principaux d’une intrigue que le comédien doit connaître et autour desquels il improvise pour jouer une pièce de théâtre. Le 29 mars 1672, le roi lui accorde la permission d’employer 6 chanteurs et 12 instrumentistes, à peu près l’effectif utilisé par son théâtre[145]. On veut que ces portraits ressemblent ; et vous n’avez rien fait, si vous n’y faites reconnaître les gens de votre siècle, « il faut que le poète comique fasse en même temps rire et penser ; il faut qu'il fasse penser, sans quoi il n'y aurait ni vérité humaine ni enseignement, mais il faut aussi qu'il fasse rire […] sans quoi le spectateur ne condamnerait pas le défaut représenté, « Montsir, avec le vostre permissione, je suisse un trancher marchand Flamane, qui voudrait bienne vous temantair un petit nouvel, « répétition symétrique qui s'étire tout au long de la scène, « Les répliques se partagent les idées comme les pas se partagent le thème d'un ballet, « Ceux qui l'ont vu [jouer] nous disent qu'il court, fait des révérences, bouscule ou est bousculé, souffle, écume, grimace, se contorsionne, fait mouvoir avec furie les burlesques ressorts de son corps ou avec humour ses gros sourcils ou ses yeux ronds, « Jamais personne ne sut si bien démonter son visage, et l'on peut dire que dans cette pièce il en change plus de vingt fois, « comme une grande partie des grâces qu’on y a trouvées dépendent de l’action et du ton de voix, il m’importait qu’on ne les dépouillât pas de ces ornements, « roulements d’yeux extravagants, [de] soupirs ridicules, et [de] larmes niaises qui font rire tout le monde », « donner une réplique au père-obstacle opposé à ses vœux qui est sans commune mesure avec le discours ordinaire des, « Le personnage comique de Molière est un inconscient […] Il ne comprend jamais qu'il est comique. Les fonctions de la comédie : La première est de divertir. ». À partir de septembre, le spectacle, donné au Palais-Royal avec « ballets, violons, musique » et en faisant « jouer des machines », rencontre un public nombreux et lui aussi enthousiaste. Durant l'été 1653, le prince de Conti, qui, après avoir été l'un des principaux chefs de la Fronde, capitule à Bordeaux et se rallie au pouvoir royal, quitte Bordeaux pour venir s'installer avec sa cour dans son château de la Grange des Prés à Pézenas. ». Hostile à l'emphase qui prévalait alors dans l'interprétation de la tragédie, Molière était partisan d'une diction « naturelle », « modulée en fonction du sens du texte » et ce souci du naturel se révèle aussi dans son style, qui cherche « à prêter à chacun sa langue[71] ». Citant l'une de ces petites pièces, Le Docteur amoureux, que la troupe devait jouer en octobre 1658 devant le roi, La Grange écrira[42] : « Cette comédie et quelques autres de cette nature n'ont point été imprimées : il les avait faites sur quelques idées plaisantes, sans y avoir mis la dernière main, et il trouva à propos de les supprimer lorsqu'il se fut proposé pour but, dans toutes ses pièces, d'obliger les hommes à se corriger de leurs défauts. C'est cette troupe qui, au cours de l'année 1646, recueille les Béjart et Molière, lequel sera progressivement amené à en prendre la direction. Le Dépit amoureux est inspiré d'une pièce de Nicolo Secchi, L'Interesse (1581)[222]. / De la façon que son nom court, / Il doit être par-delà Rome. Prenez, Monsieur, prenez, prenez. Cependant, ce déménagement vient accroître les dettes de la troupe — les investissements initiaux de location et d'aménagement du local, puis d'aménagement d'un nouveau local, ont été coûteux et les engagements financiers pèsent lourd par rapport aux recettes — et, dès le 1er avril 1645, les créanciers entament des poursuites[16]. Le regroupement des comédies par thème — carrefours de rues, intérieurs, changements de lieux — aide à mieux discerner une évolution dans tel ou tel type de scénographie et souligne l’importance que pouvait accorder Molière à la fonction dramaturgique d’un décor[298],[n 77]. C’est là qu’est joué Monsieur de Pourceaugnac, nouvelle comédie-ballet, où « l'action comique s'intègre à ce qui devient un spectacle total, auquel tous les arts sont appelés à participer[128] ». / Chez le grand Scaramouche il va soir et matin. Loin de s’en tenir à représenter des divertissements anodins, il s’attaque alors à des sujets qui touchent au vif certaines institutions ou pratiques établies. Il ne se répète jamais et n’enferme pas ses personnages dans des stéréotypes : ses médecins se comportent tantôt comme des avocats, tantôt comme des prêtres. « Je suis tout prêt, cruelle, à te prouver ma flamme[n 75]. Au début de 1658, la troupe, qui est dès lors considérée comme la meilleure « troupe de campagne » du royaume, décide de gagner Paris pour tenter de s'y implanter[52]. Il est en effet frappant qu'en 1673, Molière crée au Palais-Royal une comédie mêlée de musique (de Marc-Antoine Charpentier) et de danses, Le Malade imaginaire, sa trentième pièce, dans laquelle il joue le personnage d'Argan, qui doit feindre d'être mort et dont une des répliques est précisément : « N'y a-t-il point quelque danger à contrefaire le mort[155] ? Jean de Beer écrit : « C'est dans Dom Garcie de Navarre qu'il entend pour la première fois quel son peut rendre sa présence dans ses ouvrages ; à cet égard, la pièce est importante, importante comme œuvre, importante comme date. Le texte est rédigé à la première personne du singulier : « Cette troupe, dont M. de Molière était le chef et qui, comme, Marie-Angélique de Lécole (1657-1756), fille d'un premier mariage de Marie Claveau, la femme de, Nicolas Boileau confiera plus tard à son ami Pierre Le Verrier : « Tout abbé qu'il était, jamais homme ne fut plus passionné pour la comédie. Le corps pris rue de Richelieu devant l'hôtel de Crussol, a été porté au cimetière de Saint-Joseph et enterré au pied de la croix. Certains, notant que « son théâtre est le fruit d'une lente maturation, non de l'application respectueuse de règles apprises au collège par l'étude des modèles classiques », en viennent à douter même que Molière ait fait des études régulières, sans toutefois exclure la possibilité qu'il ait été l'élève de Gassendi entre 1641 et 1643[13]. Dans l'épître de cette édition, intitulée « À un ami », ce dernier écrit : « Ses pièces ont une si extraordinaire réussite, puisque l'on n'y voit rien de forcé, que tout y est naturel, que tout y tombe sous le sens, et qu'enfin les plus spirituels confessent que les passions produiraient en eux les mêmes effets qu'elles produisent en ceux qu'il introduit sur la scène[63]. ► Vocabulaire thématique : La phobie Recommandations : Votre argumentation doit traiter autant de la forme que du contenu du … (. La même idée sera reprise par son premier biographe, Grimarest (La Vie de Monsieur de Molière, 1705), ouvrage qui pourrait ensuite avoir influencé divers recueils de souvenirs sur le grand comédien. Molière est riche. L'incertitude née de la grande différence d'âge entre les deux « sœurs » Béjart sera exploitée par les ennemis de Molière, qui, à plusieurs reprises au cours de la décennie suivante, insinueront qu'Armande serait la propre fille de Molière et de son ancienne maîtresse[n 35]. En fait, les gazetiers, qui ont continué à signaler les maladies et les fièvres qui mettaient en danger les personnages les plus importants de Paris et de la Cour et qui avaient les yeux constamment fixés sur Molière, n'ont plus jamais signalé quelque maladie, quelque défaillance, quelque accès de fièvre et ont manifesté, comme tous les contemporains, une surprise extrême à l'annonce de sa mort (voir l'article Mort de Molière). C'est sans doute durant cette période que Molière perfectionne son jeu en étudiant les techniques du grand acteur comique qu'était Tiberio Fiorilli[n 29]. Dès 1674, Samuel Chappuzeau fait un vibrant « Éloge de Molière » : « Outre les grandes qualités nécessaires au poète et à l'acteur, il possédait toutes celles qui font l'honnête homme ; il était généreux et bon ami, civil et honorable en toutes ses actions, modeste à recevoir les éloges qu'on lui donnait, savant sans vouloir le paraître, et d'une conversation si douce et si aisée que les premiers de la Cour et de la Ville étaient ravis de l'entretenir[174]. Au cours du relâche de Pâques, un libraire spécialisé dans la publication de pièces de théâtre, et en particulier celles qui ont été créées à l'hôtel de Bourgogne, met en vente un libelle au titre presque anodin : Observations sur une comédie de Molière intitulée « Le Festin de Pierre », dans lequel un « sieur de Rochemont », dont on ignore aujourd'hui encore la véritable identité, s'en prend avec une extrême violence à Molière et à ses deux dernières pièces : Le Tartuffe et Le Festin de Pierre. ». Molière apparaît aussi comme personnage secondaire dans des films historiques, tels que Si Versailles m'était conté... (1953) et Si Paris nous était conté (1955) de Sacha Guitry, Marquise (1997) de Véra Belmont, Le Roi danse (2000) de Gérard Corbiau et Jean de La Fontaine, le défi (2007) de Daniel Vigne[348]. — Je vous estime trop, lui répondit Boileau, pour croire que vous n’y ayez pas ri, du moins intérieurement. Fils d'un tapissier ordinaire du roi, il fit ses études au collège de Clermont où les jésuites assuraient l'instruction des fils de la noblesse et de la riche bourgeoisie. Interpréter le texte de théâtre. Tous les ridicules peints par Molière sont inconscients: étourderie, préciosité, peur du « cocuage », dès les premières œuvres; puis, de plus en plus, opiniâtreté dans des attitudes imperméables à l'expérience. L’extraordinaire longévité du théâtre de Molière, qui depuis trois siècles suscite sans cesse de nouvelles interprétations, n’est pas due à son seul contenu, et, au dire de nombreux hommes de théâtre, elle est liée à la qualité de son écriture. Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière, est un comédien et dramaturge français, baptisé le 15 janvier 1622 à Paris, où il est mort le 17 février 1673. Selon certains[170], La Grange n'aurait pas hésité à modifier les dialogues de plusieurs comédies ; ce faisant, il inaugurait une pratique éditoriale qui s'est prolongée jusqu'aujourd'hui[n 60]. » Quia substantivo et adjectivum concordat in generi, numerum, et casus. (, Ah ! La « Troupe de Monsieur » commence à représenter le 2 novembre. Pseudonyme: Molière. Le 1er octobre 1672, Molière et sa famille s’installent rue de Richelieu, dans une vaste maison à deux étages avec entresol[n 54]. Il ne s'attaque pas à des pratiques réputées malhonnêtes, mais aux comportements non réfléchis et aux multiples illusions par lesquelles les humains s'aveuglent sur eux-mêmes[246]. Les didascalies sont les éléments en italique juste à côté du nom d’un personnage. ». Le succès de ce pamphlet est immédiat et presque aussi important que celui de la comédie qu'il dénonce[101]. Le roi et la cour assistent à la 3e représentation aux Tuileries. Et lisant souvent avec lui les plus beaux endroits et les plus délicats des comédies tant anciennes que modernes, il prenait plaisir à les lui faire exprimer naïvement, de sorte qu’il y avait peu de personnes qui pussent mieux juger d’une pièce de théâtre que ce prince[39]. Les caractéristiques de l'art d'écrire de Molière consistent en peintures sociales et caractères éternels : l'hypocrite, l'avare, le misanthrope. Les contemporains ont laissé de nombreux témoignages de son extraordinaire plasticité corporelle : « Ceux qui l'ont vu [jouer] nous disent qu'il court, fait des révérences, bouscule ou est bousculé, souffle, écume, grimace, se contorsionne, fait mouvoir avec furie les burlesques ressorts de son corps ou avec humour ses gros sourcils ou ses yeux ronds[268].