© H. Broch, Laboratoire de Zététique 2012
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Comment faire un "dessin de Nazca" ?

Condor et autres géoglyphes, le "making-of"...


Pr. Henri BROCH

Université Nice Sophia Antipolis


La région de Nazca au Pérou présente une vaste plaine située au-dessus de la vallée encaissée du rio Nazca. Cette région du Pérou méridional, d'environ cinquante kilomètres de long sur vingt cinq de large porte le nom de Pampa Colorada (la Plaine Rouge) car l’oxydation a donné au pavement désertique de cailloux et de galets une teinte brun rougeâtre.

Sur ce désert côtier, le simple fait de déplacer les cailloux met en évidence une terre fine et claire. C'est ce procédé de champlevé qui a été utilisé pour tracer ce que l'on nomme (depuis leur découverte par des aviateurs, dans les années quarante) les "énigmatiques figures de Nazca" ou encore les "pistes" ou "dessins", gigantesques tracés représentant soit des animaux, soit de longues lignes, des zigzags, des trapèzes, des spirales...
Et les dessins de Nazca constituent un des morceaux de choix des amateurs d'archéologie fantastique et ont été le support des délires de nombreux archéomanes (des formes géométriques "destinées" à être vues du ciel peuvent être répertoriées en de nombreux endroits sur la Terre mais ce sont celles de Nazca qui ont concentré ces délires).

La région de Nazca présente de nombreux sites funéraires ayant livré des poteries aux décorations et aux formes caractéristiques (d'animaux, d'êtres humains, ou recouvertes de peintures représentant ces animaux). Il existe une série analogue de figures animales dans les "mystérieux dessins au sol" et l'on a trouvé au milieu des "pistes" un grand nombre de tessons de poterie dont la majorité appartiennent à des poteries nazca ; on a également trouvé, le long de quelques lignes, des restes de poteaux de bois à des intervalles d'environ un kilomètre et demi et certaines de ces longues lignes droites tracées sur la Pampa Colorada finissent par un piquet enfoncé dans le sol (la datation C14 de l'un de ces vestiges a donné une date de 525 ± 80)
Ce qui se dégage de l'ensemble des données disponibles est le fait que presque tous les dessins, sinon tous, sont l'oeuvre du peuple  qui a façonné et peint les belles poteries de Nazca durant la période comprise entre l'an -200 et l'an 600.

Diverses hypothèses ont pu être proposées pour la réalisation de ces dessins : nivellement artificiel de l'économie pour maintenir l'équilibre entre ressources et population, système de rouissage de fibres végétales, trajet rituel initiatique, culte rendu à une suite ("ceque") de lieux spécifiques ("huacas") alignés,...
Mais s'il est très difficile, sinon impossible, à l'heure actuelle, de trancher sur le "pourquoi", la méthode de travail des artistes de Nazca semble avoir été bien mise en évidence : les "géomètres" commençaient par dessiner une maquette à échelle réduite de la figure à tracer et mesuraient ensuite sur cette maquette les valeurs à reporter à grande échelle.

Nous vous proposons de vous transformer pour quelques heures en véritables artistes de Nazca et de vous lancer dans la réalisation concrète, sur le terrain, d'un tracé de "dessin visible du ciel"...

Un condor
Avec un tracé optimisé pour un minimum de points à reporter et une réalisation... en un minimum de temps  :-))

Un oiseau d'envergure 60 mètres (style condor des Cités d'Or) a été dessiné/stylisé de manière à pouvoir le définir en seulement 60 points et, en particulier, avec seulement 2 mesures de distance à faire sur le terrain pour le report de 32 des 60 points définissant le tracé !
La partie basse des ailes forme une seule ligne droite de manière à ne faire ainsi sur le terrain qu'une seule mesure de distance sur l'axe principal pour le report de 22 des points du dessin et de même une seule mesure pour le report de 10 autres points à l'intérieur des ailes.
D'où un important gain de temps sur le tracé.

Matériel
Nous vous donnons avec le dessin-maquette ci-dessous toutes les indications, axes et repères utiles au tracé. Et nous détaillons le matériel ultra-simple nécessaire dans un "tableau des données" qui présente également les mesures qui seront faites sur le terrain.
Chaque N° (de 1 à 60) que nous avons porté sur le dessin correspond à une sardine (…de campeur !) que l'on plantera dans le terrain.



Préparation
Le mieux est de préparer à l'avance les 8 ficelles spécifiques (celle définissant l'axe OM et les 7 autres prenant leur origine sur les points de A à G) :
--- Sur la ficelle OM marquer les repères A à M à leurs distances respectives sur la ficelle (cf. tableau de données).
--- Sur chacune des 7 ficelles (A à G) marquer les repères des N° correspondants.
Par exemple : sur la ficelle F marquer les repères des N° 9, 12, 15, 18 et 21. De manière à pouvoir, sur le terrain, fixer l'origine de cette ficelle avec une sardine au point F puis, perpendiculairement à l'axe OM, tendre la ficelle à son extension maximale (point N°21) et placer ainsi facilement et rapidement les sardines à leurs numéros respectifs.
Lorque les sardines de ce côté du dessin sont toutes placées, on déplace alors simplement la ficelle en question et on place son extrémité de l'autre côté au point N°40 (symétrique du point N° 21) et on place ainsi les autres sardines (les N° 52, 49, 46, 43 et 40) avec cette même ficelle.

Pour ne pas mélanger sur le terrain tous les points à joindre avec la Rubalise pour créer le motif (que vous pourrez ensuite faire - si vous le désirez - en champlevé) il vaut mieux placer la Rubalise au fur et à mesure que les sardines N° 1 à 60 sont plantées et voir ainsi le tracé se construire progressivement et éviter de mélanger les points,
Une chose impérative à faire, même si vous placez la Rubalise au fur et à mesure, c'est de bien étiqueter toutes les sardines à l'avance afin d'éviter toute confusion (confusion entre une sardine et une autre malheureusement assez facile à faire sur le terrain).
L'étiquetage à faire est donc le suivant :
--- 60 sardines étiquetées de 1 à 60.
--- Les 9 autres étiquetées respectivement O, A, B, C, D, E, F, G et M
Les mesures en H, I, J, K et L concernent des longueurs très petites et se font sur le terrain directement avec un mètre ruban, sans recours ni à des sardines ni à des ficelles.

Sur le terrain
On commence bien sûr par planter fortement la sardine O, bien y accrocher la ficelle OM, tendre cette ficelle (46 m au total) et planter fortement la sardine M à laquelle on accroche alors la ficelle. Cet axe OM doit être bien tiré et ses sardines solidement plantées car il est fondamental que cet axe reste bien en place jusqu'à la fin du tracé.
On plante ensuite les sardines A, B, C, D, E, F, G à leurs positions respectives.
Et ensuite, à part 5 petites mesures à faire (en H, I, J, K et L), c'est... juste un jeu de ficelles :-))

Le Centre d'Analyse Zététique vous souhaite une belle construction de votre condor !

 © H. Broch, Laboratoire de Zététique 2012
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