www.unice.fr/zetetique

 © J. L. Theodor, Laboratoire de Zététique, octobre 2004.
Reproduction totale ou partielle interdite, sous quelque forme que ce soit, sans autorisation écrite explicite.
All rights reserved. No part may be reproduced in any manner whatsoever without written permission.

 

Qui fut le premier conquérant du pôle Nord ?
Cook ou
Peary ? Ou aucun des deux ?

Jacques L. THEODOR

 

Préambule

Il s'agit de la controverse née de la déclaration du médecin Frederick Cook du 1er septembre 1909 selon laquelle il aurait atteint le pôle Nord le 21 avril 1908 ; déclaration suivie, quelques jours plus tard (le 6 septembre) de celle de l'ingénieur Robert Edwin Peary qui affirmait avoir le premier atteint le pôle le 5-6 avril 1909.
Le 8 avril, Peary, sans avoir parlé à Cook, et sans qu'il ait pu avoir eu connaissance de son récit, envoie un premier télégramme à l'United Press, disant : "Le récit de Cook ne devrait pas être pris trop au sérieux" et un second message au New York Times : "Il n'a pas été au pôle le 21 avril 1908, ou à aucun autre moment. Il a simplement mystifié le public".

 

Frederick A. Cook

En un style quelque peu différent, Cook avait déclaré, parlant de l'exploit de Peary : "C'est une bonne nouvelle. J'espère que Peary est arrivé au pôle. Ses observations et compte-rendus concernant cette région vont confirmer les miens". Également au N. Y. Herald : "Ayez l'amabilité de transmettre à Mr Peary mes chaleureuses félicitations pour sa réussite".
Les deux messages de Peary à la presse ont eu un effet domino dont Peary n'a sans doute pas réalisé qu'il aurait, en fin de parcours, des conséquences dignes d'un tsunami médiatique, tant vis-à-vis de Cook, que, par un retour de manivelle, vis-à-vis de lui-même.
Les relations se sont rapidement envenimées entre ces deux "prétendants" et particulièrement entre leurs partisans respectifs qui, quelque 93 ans plus tard, se font toujours les défenseurs inconditionnels de leur idole.


Frederick Cook

 

Robert Edwin Peary

Les documents de base permettant d'objectiver les arguments des deux camps sont pour l'essentiel les récits faits par chacun de ces deux explorateurs américains : en 1910, le livre de Peary "The North Pole" (Le pôle Nord) et en 1911 celui de Cook "My attainment of the Pole" (J'ai atteint le pôle), tous deux réédités en 2001. Ceux-ci et d'autres ouvrages (voir fin d'article) permettent de se faire une idée de l'état d'esprit des deux adversaires, de connaître certains faits occultés par eux, également des déclarations non reprises dans les deux récits "princeps" et enfin de percevoir l'ambiance dans laquelle a baigné la polémique.


Robert Edwin Peary

Le récent livre de Robert Bryce (RB-1997, voir plus bas la rubrique Bibliographie) est la source monumentale traitant des documents originaux relatifs à cette controverse. Avec ses 1133 pages et ses 2040 références d'ouvrages essentiels publiés, d'articles parfois importants mais dénichés dans d'obscurs journaux ou revues de "province", de documents manuscrits des deux principaux protagonistes de la controverse mais jamais publiés, et également à ceux d'acteurs secondaires, il a accompli un travail gigantesque. Son ouvrage est dès lors incontournable pour quiconque veut s'intéresser d'un peu plus près à ce combat de géants. Mais comme le site Web Tripod le décrit plaisamment, c'est "un rêve de chercheur... et un cauchemar de lecteur" par l'étendue et la densité des informations. Fort heureusement, un index très complet permet au lecteur-documentaliste de ne pas se noyer.


Le réseau Internet s'est avéré un forum actif pour ce débat et pas moins de 3120 documents étaient listés ces jours-ci (mars 2002) à la suite d'une recherche (via le serveur Google) centrée sur les noms Peary + Cook.
Je confesse qu'il n'est pas simple d'objectiver son opinion. En effet, certains ouvrages laissent percoler une impression de sympathie pour l'un et d'aversion pour l'autre et en travestissent ou en sélectionnent les faits. Je me suis dès lors limité aux ouvrages qui paraissaient avoir un caractère acceptable d'objectivité. Mais même en 1909-10, le champ de la controverse s'était déjà considérablement élargi avant même que le récit complet de l'un ou de l'autre ait paru
.

 

La question

Le problème posé par cette controverse est simple dans sa définition. Ou bien Cook et Peary ont tous les deux atteint le pôle, ou bien Cook mais non Peary, ou bien Peary mais non Cook, ou bien encore aucun des deux.
Ceci avec un détail d'importance. Cook aurait atteint le pôle en 1908 et Peary n'ayant fait sa tentative qu'en 1909, Cook aurait automatiquement été le premier. Ce qui aurait eu des effets financiers et moraux désastreux pour Peary et aurait été un revers pour l'establishment US et pour les organes de presse (notamment la National Geographic Society, une maison d'édition dont le rôle a été plus qu'équivoque dans cette saga, et pour le journal New York Times) qui avaient misé très gros sur Peary.
Sans vouloir faire le récit des deux explorations, il n'est pas sans intérêt pour la compréhension du cheminement de la polémique de brosser les grandes lignes du déroulement de certains des événements.

 

Concernant Cook

En 1905, Cook s'était lié de sympathie avec John R. Bradley, homme très fortuné et chasseur à l'esprit aventureux et qui projetait une expédition de chasse dans le Grand Nord. Cook réussit à persuader Bradley de contribuer au financement de son expédition au pôle Nord.
Cook possédait une expérience d'hivernage polaire antarctique. D'origine allemande, Cook, né en 1865, a fait des études de médecine et c'est en qualité de médecin qu'il participe avec brio au sauvetage de la mission de la Belgica dirigée par Adrien de Gerlache lors du premier et très rude hivernage antarctique (1898-99). Roald Amundsen, le futur découvreur du pôle Sud, et grand admirateur de Cook faisait également partie de la mission. Le docteur Cook avait également accompagné Peary lors de son expédition de 1901.


Roald Amundsen


Le 3 juillet 1907 le navire le Bradley fait route vers le nord. Au cours d'une des escales, Cook rencontre Knud Rasmussen, un demi-esquimau, futur explorateur des régions polaires. Après plusieurs avaries, le Bradley atteint Annoatok où Cook débarque son matériel. Il propose alors à Franke, son co-équipier, de l'accompagner vers le pôle, ce que ce dernier accepte, Annoatok (Anoritooq, 78°33'N et 72°30'W) devient la base de Cook en vue de ses explorations et de l'assaut final du pôle.
La préparation de l'équipement a été affinée. Cook avait prévu un traîneau spécial sur lequel une tente pouvait facilement être dressée. Malgré la facilité de son montage, mais parce que trop froide, Cook préféra l'igloo de neige qui assurait une parfaite protection.
Les arguments de l'impréparation de Cook et de la légèreté numérique de son équipe de pointe ne paraissent pas fondés lorsque l'on sait comment il a abordé avec intelligence et efficacité les problèmes techniques et logistiques liés à son raid.
Avec l'aide de son frère, il avait mis au point un modèle de traîneau léger, résistant et performant. Mais c'est à Annoatok que ses traîneaux ont été fabriqués par lui à l'aide de bois sélectionnés par son frère. L'écartement entre patins avait été standardisé de manière à ce que les traîneaux progressent dans les mêmes traces.
Le pemmican avait également été préparé à Annoatok par Cook, aidé de Franke, selon une technique qu'il avait mise au point; ce qui lui a évité les inconvénients subis par l'équipe Peary et qui ont rendu malades certains des participants dont le Dr Goodsell lui-même. Il s'agissait de l'excès de formaldéhyde utilisé comme conservateur, de même que la présence accidentelle de débris de verre ; également l'excès d'eau devenue glace qu'ils ont du grignoter avec les dents par suite de l'insuffisance de combustible pour la dégeler (JG, voir ci-dessous rubrique Bibliographie).

Comme Amundsen, c'est à skis que Cook accompagnait son traîneau en le précédant. Ceci allégeait la charge à tirer par les chiens, et lui permettait de passer les surfaces d'eau libre sur des glaces de regel plus récentes et donc avec moins d'attente. En effet, le poids d'un marcheur en bottes ou sur son traîneau est moins réparti que sur des skis. Les traîneaux pouvaient se transformer en embarcation grâce à une bâche taillée à cet effet. Certains Esquimaux marchaient sur la glace récente à quatre pattes et sur les genoux ; une manière de répartir le poids en six points.

Aux U.S.A. les opinions étaient divisées quant à la possibilité pour Cook de réussir son raid vers le pôle.
Deux exemples typiques : d'une part, Bridgemann, secrétaire du Peary Arctic Club et directeur du journal Standard Union disait: "He can't" (Il ne peut pas). Par contre Bradley, qui avait vu Cook à l'oeuvre et qui lui avait laissé tout l'équipement requis, avait confiance en sa réussite.
Ces deux points de vue étaient le reflet de visions stratégiques entièrement différentes. Le clan Peary concevait l'expédition avec son propre navire comme base avancée, avec de nombreux participants et de très gros moyens "A l'américaine", tandis que Cook avait fondé son projet sur ce que j'appellerais le "Nécessaire mais suffisant", bien étudié, solide, efficace et dès lors plus léger en matériel, mais également en nombre d'accompagnants et donc en poids de nourriture et de combustible.
Néanmoins, fin février 1908, Cook se mit en route avec 11 traîneaux et un total de 103 chiens. Le nombre élevé de chiens de toute expédition arctique de l'époque était déterminé par plusieurs facteurs :

* 1) les charges incluaient la nourriture et autres, à laisser dans les dépôts
qui seraient visités au retour
* 2) de nombreux chiens devenaient de manière irréversible boiteux ou malades,
* 3) au retour, le poids des charges (nourriture) ayant diminué, le nombre initial
de chiens n'était plus nécessaire et ils étaient abattus pour nourrir les chiens
restants et les participants au raid (JG, p 117> 127, voir ci-dessous Bibliographie).

L'idée était de chasser ce qu'ils rencontreraient en Terre d'Ellesmere (ours, phoque, morse, buf musqué, lièvre,...) avant d'atteindre l'Océan Glacial Arctique.

C'est à ce moment que Cook se sépara de Franke qui retourna à Annoatok. Plus tard, le 5 mai, tous les Esquimaux qui accompagnaient Cook étaient rentrés à la base ; hormis deux d'entre eux, Etukishuk et Ahwelah que Cook comptait emmener au pôle. Entre-temps, Peary était arrivé dans la région et, sans s'étouffer de scrupules, avait "confisqué" les provisions de nourriture que Cook avait constituées à Annoatok pour son retour et son éventuel hivernage, de même que son stock commercialisable de fourrures de renard.

Un an plus tard, Harry Whitney que Peary avait installé dans la cabane de Cook vit arriver Cook et ses deux compagnons, affamés, amaigris et extrêmement sales. Cook avait les cheveux jusqu'aux épaules, comme un Esquimau. Détail technique : par grand froid, les Esquimaux rabattaient leurs cheveux devant l'ouverture de leur capuches ; ce qui diminuait un peu l'impact du vent.
Cook avait entrepris son raid sur l'Océan Arctique depuis le Cap Svartevoeg sur la côte nord de l'île Axel Heiberg et avait, selon ses dires, atteint le pôle. En revenant, il avait trouvé une banquise par trop désagrégée. Contraint et forcé, il avait modifié son itinéraire et avait dû hiverner sur la côte nord de l'Ile Devon, au Cap Sparbo, dans des conditions extrêmement dures : "un des plus prodigieux exploits de l'histoire polaire" selon Jean Malaurie (JM, voir ci-dessous rubrique Bibliographie).

 

Le retour de Cook : commentaires et impressions

L'argent ne paraissait pas faire partie des préoccupations premières de Cook. A son retour il n'a en effet demandé à James Gordon Bennett, patron du New York Herald, que 3.000 $ pour son article, au lieu des dizaines de milliers de dollars qu'il eut pu exiger. Les "témoins de moralité" et/ou de compétence étaient nombreux. Parmi ceux-ci, le Dr Dedrick, médecin de Peary, l'explorateur Scott, également Dillon Wallace qualifiant Cook d'homme d'une extrême fiabilité. Et John Bradley : "il n'y a pas d'homme qui dépasse Cook en courage, en qualité de jugement et en persévérance". Roald Amundsen, indéfectible dans son amitié pour Cook n'était pas moins admiratif. Et enfin Franke qui l'avait côtoyé pendant des mois, pensait que Cook tenait sa parole et prouvait ce qu'il disait.
Toutefois, le Pr McMillan a résumé la situation en disant : "La crédibilité du rapport de Cook repose sur sa personnalité en temps qu'être humain, ensemble avec la cohérence interne et externe de son rapport lui-même". (RB, voir ci-dessous rubrique Biliographie)

Quatorze années auparavant, après avoir quitté le navire dérivant Fram, prisonnier de la banquise, Nansen et Johansen étaient arrivés le 8 avril 1895 au 86° 13' 6" (soit à 419 km du pôle) ; personne ne s'en était jamais autant approché (FN p 226, voir ci-dessous rubrique Bibliographie). Point dont Nansen dit :"j'ai la conviction que nous ne pourrons atteindre le pôle ou son voisinage immédiat : la banquise est trop accidentée et nos chiens trop faibles !" Or Cook lisait toujours très attentivement les récits des autres explorateurs, D'aucuns ont dès lors suggéré que Cook aurait pu s'inspirer du récit de Nansen et extrapoler dans le même sens. Or cette phrase est précisément le contraire de la description faite par Cook à son retour. Ce qui pourrait conforter l'idée que Cook avait dû s'approcher encore plus du pôle que Nansen. Soit dit en passant, l'amiral Byrd avait trouvé à l'inverse la banquise très accidentée de hummocks près du pôle. Il en va de même pour Amundsen.
Malaurie souligne que Cook a décrit le pôle "exactement comme il était", c'est-à-dire une banquise toujours plus unie au delà du 88°. Ce qui n'est pas toujours vrai : d'une année à l'autre "l'orographie" du pack paraît être fort variable.
Une chose est sure et certaine, Cook ne pouvait savoir à l'avance si le pôle n'était pas une montagne, un volcan, une simple île, un chaos de hummocks, une mer,...
Un argument contre Cook est celui du "témoignage" de ses deux Inuits, Etukishuk et Ahwelah qui, selon le rapport de Peary présenté à la presse par le Peary Arctic Club (sic), auraient déclaré que Cook n'avait jamais été au pôle et, de surcroît, qu'il n'avait jamais perdu la terre de vue.
Le docteur Goodsell, médecin de l'expédition Peary affirme que Peary lui a refusé l'autorisation de questionner les deux compagnons de Cook et que Peary avait lui-même constitué un "comité" pour les interroger (JG, voir ci-dessous Bibliographie). Le site web "Tripod" ajoute que George Borup, en charge de les interroger ne maîtrisait pas la langue des Inuits, que Henson, le seul en dehors de Goodsell à parler cette langue, n'était pas présent mais a pourtant signé le rapport ; et qu'enfin Peary n'était pas présent mais l'a également approuvé.

Knud Rasmussen (à demi-esquimau) n'a pas rencontré les deux compagnons de Cook, mais a interrogé (en 1909) de nombreux Esquimaux (parents et amis) qui s'étaient entretenus avec ceux-ci et ils avaient confirmé en détail le récit de Cook. A l'inverse, Sir Wally Herbert (WH, p 332 > 8, voir ci-dessou, Bibliographie) cite le fait qu'il a bien connu Inuutersuaq, qui avait été en relation directe avec Etukishuk et Ahwelah, et qui contredit le récit de Cook. Le témoignage d'Inuutersuaq a été publié par des voies un peu tortueuses. Le récit fait en langue inughit a été traduit en danois, adapté, traduit en anglais et publié en 1984.


Knud Rasmussen

Des critiques ont fait la remarque que Sir Wally était partie prenante dans cette affaire et donc un juge partial (RB, p 760, voir ci-dessous Bibliographie). Peut-être, mais lui au moins a pu fournir des preuves valides du fait qu'il était le premier à avoir le 5 avril 1969 atteint le pôle Nord en traîneau à chiens.

 

Concernant Peary

A l'inverse, ce que Peary avait à gagner et surtout à ne pas perdre, s'il arrivait le premier au pôle était bien évidemment la gloire dont il avait un besoin constant comme de pain; ensuite le fait de ne pas devoir, parmi d'autres, rembourser 4000 dollars (en 2002 = 80.000 US$) dus au journal le New York Times s'il n'était pas le premier à arriver au pôle, de plus un énorme manque à gagner et enfin l'heureux aboutissement de plus de dix années d'explorations polaires et de vaines tentatives menées avec le courage, la persévérance et la volonté de quelqu'un qui en avait fait sa raison de vivre.
Peary considérait que l'expédition de 1909 serait le now or never. Il avait auparavant mené plusieurs expéditions avec d'abord l'objectif de reconnaître l'extrême nord du Groenland et ensuite celui d'atteindre le pôle Nord.

D'abord en 1886, il effectue un raid à l'intérieur des terres groenlandaises (côte ouest).
En 1891-1892 il hiverne dans le Golfe d'Inglefield (près de l'actuel Siorapaluk 77°48'N-70°41'W) avec parmi d'autres Ms Peary, Matt Henson (le dévoué serviteur noir de Peary), Eivind Astrup, John Verhoeff, et Cook comme médecin. L'objectif était de pénétrer l'inlandsis le plus loin possible vers le nord-est. En un périple de 2000 km en traîneau à chiens, il atteint Independance Bay. Il affirme l'insularité du Groenland. Il a eu raison mais pour le mauvais motif. Il découvre un fjord qu'il pense être un chenal et qui, en fait, n'existe pas un ; et le Groenland se poursuivant encore sur 150 km vers l'est.
Suivent ensuite plusieurs expéditions essentiellement centrées sur l'objectif pôle Nord.
Successivement il explore la calotte glacée de l'île d'Ellesmere et il prépare une série de dépôts le long de sa probable route vers le pôle.
En 1806, le 6 mars, il s'aventure sur la banquise de l'Océan Arctique et après un hivernage sur le Roosevelt pris dans les glaces au Cap Sheridan, quitte la terre à la Pointe Moss pour un raid en direction du pôle accompagné entr'autres de Bartlett, Henson, Marvin, Clark. Vingt jours plus tard, il est arrêté net par un énorme chenal d'eau libre (84°38'N). Il a parcouru 10 km par étape.

L'auteur au pôle Nord géographique avec à l'arrière-plan, un chenal (150-200 m) d'eau qui vient de geler


Le 2 avril, les cinq Blancs du raid avaient été renvoyés à terre et il ne garde que Henson et les Esquimaux.
Il dit avoir ensuite réussi à traverser le chenal et s'être dirigé vers le nord où il aurait atteint la latitude de 87°06'N le 21 avril. Peary fait alors demi-tour et arrive à terre au Cap Newmeyer, après un périple calculé par Hall comme étant de 907 km (compte tenu notamment de la dérive de la banquise) et effectué en 26 jours, alors que Clark avait mis également 26 jours pour arriver au même Cap Newmeyer après seulement 181 km de route (TH, p 289, voir ci-dessous Bibliographie). Ce qui, dans le cas de Peary ferait 35 km chaque jour. Cela paraît peu vraisemblable. L'intégralité des calculs et de l'argumentation concernant la vitesse de Peary représente 75 pages du livre de Hall.
A titre de comparaison : Peary avait fait 10 km/jour avant l'épisode du grand chenal. Des distances moyennes parcourues par jour par les divers grands voyageurs arctiques dont nous avons les éléments chiffrés sont, pour Parry 9,2 km, Nansen 9,6 km, Cagni 15 km; et pour McClintock, le grand spécialiste particulièrement rapide de l'époque : 21 km (TH, voir ci-dessous; Bibliographie).
En 1908-9, le point vulnérable du récit de Peary est son "Carnet de bord" et ce qui en découle, c'est-à-dire une fois de plus, l'impossibilité d'avoir parcouru quotidiennement de telles distances. Le noeud de la controverse tourne autour du point observé, 87°47'N. De quoi s'agit-il ?
Peary (voir RP, chap. XXIII à XXXIV, voir ci-dessous Biliographie) est parti du Cap Columbia le 1er mars 1909 avec un train de traîneaux et de participants dont Henson, Bartlett, le Dr Goodsell, McMillan et plusieurs Esquimaux. Rapidement, il est arrêté durant 6 jours à la latitude 83°53'N par un très important chenal et cela jusqu'au 11. Il attendait Marvin et Borup et leurs hommes qui devaient apporter le combustible manquant. Enfin ils arrivent. Goodsell retourne à terre puis Borup. Il restait douze hommes, dix traîneaux et quatre-vingt chiens. Marvin, à son tour, retourne à terre avec un traîneau et 17 chiens, non sans avoir fait un point observé : 86°38'N. Peary ne faisait pas lui-même le point pour ne pas fatiguer ses yeux et de manière à avoir des mesures indépendantes de lui. Marvin devait disparaître dans un chenal, mais selon une autre version, ses deux Esquimaux l'auraient assassiné.
Peu de jours après, Bartlett, capitaine de navire et donc parfaitement expérimenté, fait ce point observé de 87°47'N où se situe le camp qui portera son nom.
Bartlett retourne non sans regret. Peary se retrouve avec Henson, quatre Esquimaux, cinq traîneaux, quarante chiens.

Passage d'un hummock par les gens de Peary

 

Voyons maintenant ce qui s'est passé entre la latitude 87°47'N (le Camp Bartlett) et la latitude extrême "atteinte" soit 89°57'N, le Camp Jessup au pôle même.

L'aller représente 130 nautiques ; Peary a circulé autour du pôle sur 41 milles terrestres selon les uns et 36 (ou 31' = minutes de degré de latitude = nautiques = milles marins) selon les autres. Retour : 130 nautiques. Total : 130' + 130' + 31' = 291' ; 291'x 1.852 m. = 539 km en huit jours. N'y ajoutons pas les 30 % habituels pour les détours mais seulement 20 %: une hypothèse favorable à Peary, soit 647 km ou une moyenne de 81 km/jour pendant huit jours; avec notamment 130' soit 145 km de route par jour pendant deux jours. N'oublions pas que Peary n'avait plus que deux petits orteils, qu'il était habillé de lourdes fourrures et enfin, qu'il avait 53 ans, ce qui à l'époque était relativement âgé pour un explorateur polaire.

Il est vrai que lors de la Finmark Race (une sorte d'Itidarod norvégienne de 1000 km que j'ai suivie sur 600 km) la vitesse est de 200 km/jour. Mais, primo il s'agit d'une course de 6 jours avec un jour de repos au milieu ; secundo il s'agit d'un parcours où des vitesses de 12,5 km/h peuvent être soutenues durant 16 heures (4 heures de course + 1 h de repos et cela quatre fois, soit vingt heures ; plus quatre heures de repos), car il s'agit de chiens savamment sélectionnés et hyper-entrainés durant des mois.
Sir Wally Herbert m'écrivait (09.12.2001) à ce propos : "Sure, there are always going to be a few travellers who will claim to have done a comparable distance in one day; but it is pointless to compare one's best day's travel against Peary's average" (Bien sûr qu'il y aura des randonneurs qui vont prétendre avoir réalisé des distances comparables en un jour ; mais il est absurde de comparer sa meilleure performance d'un jour à la moyenne de Peary).

Un autre explorateur, Shackleton a parcouru 25,2' soit 46,7 km (mesurés par un compteur à roue) pendant un seul jour ; avec un traîneau à chiens chargé seulement de 32 kg, avec le vent dans le dos, avec une voile, sur la terre ferme du continent antarctique et de surcroît en descendant d'altitude. Donc sans charge importante, sans hummocks, sans chenaux. Ce fut son record !

Le reste du retour, du camp Bartlett au Cap Columbia, soit 413' dont on soustrait les 130' des dernières étapes nous donnent 283'. Ajoutons 30 % de détours; soit 368' convertis en km donnent 682; soit 57 km par jour pendant 12 jours faisant suite aux 81 km/jour durant huit jours. Les critiques de Peary - et ils sont nombreux -, n'ont pas manqué de souligner que des records de vitesse ont été pulvérisés à partir du moment où Bartlett a quitté l'équipe, ne laissant avec Peary que les Esquimaux, incapables d'évaluer le point et les distances, et également Henson son très fidèle serviteur noir. Ces mêmes critiques ont également souligné le fait surprenant qu'à partir du retour, il n'a pratiquement plus jamais adressé la parole à Henson.

H. Lewin, dans son ouvrage cité par Hall (TH, p 77, voir ci-dessous, Bibliographie) comme étant "a very intelligently written book"(?), parvient aux chiffres suivants : la distance en droite ligne du pôle au Cap Columbia était de 475 milles terrestres, plus 100 du Cap Columbia au Cap Sheridan (le Roosevelt), plus 10 % pour les détours, plus 30 % pour la dérive, en 18 étapes soit 37,5 milles par étape. J'avoue avoir tourné ces calculs dans tous les sens et ne suis arrivé à aucun résultat concordant. L'ennui est que certains auteurs utilisent successivement milles terrestres (1609 m) ou milles nautiques (1852 m) ou "route milles" (la distance réellement parcourue) sans préciser clairement quand.

Traîneaux inuits typiques comparables aux traîneaux lourds de Peary

Hayes (GH, p 148, voir ci-dessous, Bibliographie) souligne le fait que Peary, dans sa déclaration publique, a occulté les 30 % qu'il aurait dû ajouter à sa route théorique que sont les minutes de latitude. Cette omission aurait pu rendre son récit un peu moins invraisemblable en diminuant la distance prétendument parcourue. Chose curieuse, Peary admettait avant 1906 avoir habituellement ajouté 25 % à sa route théorique.
Peary, selon ses propres déclarations devant la commission du Congrès des U.S.A,. n'a pas fait de point observé, hormis le fameux 87° 47', mais bien des points estimés et est parvenu à retourner à sa base de départ alors qu'il n'avait que la boussole dont il ne pouvait évidemment pas connaître la déclinaison. A ce propos, le Dr John Goodsell confirme avoir constaté plusieurs fois que les points cités avec précision par Peary n'étaient en fait que des points estimés et non observés. Goodsell qui notait tout scrupuleusement ne mentionne aucune observation "scientifique" (entendez "avec un sextant") pour déterminer la position (JG, voir ci-dessous la Bibliographie).
Le tracé du raid de Peary est très dérangeant. Que sur un aussi long parcours, avec la dérive de la banquise, l'obligation de faire parfois des détours importants (à cause des hummocks et des chenaux d'eau libre), l'aller et le retour soient totalement rectilignes parait une fois de plus surprenant.

 

Eléments de la logistique et de l'organisation

L'organisation d'une journée implique de décharger les traîneaux, de préparer la nourriture, ne serait-ce que de la réchauffer (encore que !) puisqu'à l'arrivée à l'étape, elle se trouve à la température ambiante soit à - 30 ou - 40° C. Il faut également nourrir les chiens. Il faut construire un igloo (de l'ordre d'une heure de temps), déballer les sacs de couchage ; brosser les vêtements pour les débarrasser du givre (une heure). Egalement faire le point, observé ou à l'estime. Sans doute réparer l'un ou l'autre vêtement, botte, traîneau, harnachement de chien ; et, bien évidemment, dormir. A titre d'exemple, le 4 mars 2002 (voir cette page) il a fallu trois heures à Alain Hubert et Dixie Dansercoer pour lever le camp (sans chiens !).


L'auteur préparant des blocs de neige

 

Parcourir une distance sur le pack implique de diriger les chiens dans telle ou telle direction , et donc de souvent les réorienter, ce qui prend du temps. Il faut escalader les hummocks (les crêtes de compression), contourner les "leads" (terme anglais pour les chenaux d'eau libre) ou attendre qu'ils regèlent, il faut compenser la dérive et les erreurs de navigation. Avec les chiens attelés selon la méthode inuite, c'est-à-dire en éventail (contrastant avec la méthode norvégienne ou canadienne continentale, des chiens par paires et en file), on est obligé toutes les deux heures de démêler la tresse des dix à quinze lignes-laisses qui lient les chiens au traîneau, soit un quart d'heure de perdu.


La méthode inuit


La méthode norvégienne en bandeau

L'explication par un Inuit de la pratique de l'éventail, qui au prime abord m'a semblée absurde, est la suivante. Sur l'Inlandsis il y a un réel danger de crevasses profondes et sur le pack, il y a celui des chenaux.


Passage en 1997 d'une fracture ressoudée ; en arrière-plan, une barrière d'hummocks

Des chiens attachés en file indienne peuvent être entraînés l'un derrière l'autre dans ces deux pièges. Avec l'éventail, chaque chien est indépendant de l'autre. Si un chien tombe, il n'entraîne pas les autres. Bref, on ne se trouve pas dans les conditions de parcourir sur le pack, si ce n'est exceptionnellement, plus de 20 à 25 km par jour.

 

Importantes réflexions concernant le point observé ou le point estimé

Il est raisonnable de s'interroger sur la manière dont Cook et Peary ont pu progresser et revenir à l'aide de la seule boussole sans en connaître la déclinaison.
Il est exact que le vent, et dès lors l'orientation des sastrugis, permettent de garder une approximation de cap (WH, p 271, voir ci-dessous, Bibliographie). C'est une des premières remarques que l'on se fait sur la banquise ; alors que de vastes surfaces de pack peuvent tourner sur elles-mêmes et l'orientation des sastrugis peut en être quelque peu perturbée. Sir Wally Herbert souligne également le fait que les vents ne soufflent pas toujours dans la même direction.
Avec un soleil visible et avec une montre, et pour autant que l'on reste collé sur le même méridien, il est possible de se diriger vers le nord géographique. On apprend cela chez les boy-scouts à 9-12 ans, en n'ayant même qu'une montre ordinaire. Il est évident que, à nos latitudes le danger de changer de méridien sans le savoir est faible, tandis qu'aux latitudes très élevées, le danger est bien réel. Pour divers degrés de latitude, le nombre de minutes correspondant au déplacement latéral d'un nautique serait à 82°N, 7 minutes ; à 85°N, 11' ; à 88°N, 28' et à 89°N, 57' de longitude soit pratiquement un degré (TH, p 36, voir ci-dessous, Bibliographie). Le lecteur non informé doit réaliser qu'au pôle (à 90°N) on fait le tour du monde (les deux fois 180°) en quelques secondes !

On peut que s'étonner (un euphémisme) du fait que Peary ait déclaré lors de son audition devant cette même Commission du Congrès "qu'il considérait que faire des observations de longitude était une perte de temps" (TH-HN, p 260, voir ci-dessous, Biliographie).
Heureusement pour lui, la National Geographic Society après un examen superficiel et partisan des "preuves" fournies par son poulain Peary, l'a consacré conquérant du pôle ; un titre contesté par la plupart des gens compétents. La même chose s'est produite avec le même résultat avec un autre poulain de la Society, l'amiral Byrd, le "premier" à avoir survolé le pôle Nord en 1926 (titre contesté par le pilote de Byrd lui-même ; DR,k p 257 à 272 en un chapitre intitulé "Götterdämmerung", la damnation des dieux).

Un schéma possible mais qui eût requis une discipline de fer, de même que des conditions d'ensoleillement favorables eut été le suivant. Partant sur un méridien connu, il eût été possible de se diriger vers le nord grâce à l'utilisation de la simple montre. Tout ce qui précède aurait été approximativement valable s'il n'y avait pas eu la dérive (à cette époque) du pack de plusieurs milles vers l'est, et, très près de la côte, vers l'ouest. Le point quotidien observé (le soleil le permettant) même par la seule méridienne aurait pu préciser et conforter les points estimés.

Soit dit en passant, le site www.geo-orbit.org indique "compass unusable" (boussole inutilisable) pour la zone dans laquelle se trouvaient Cook et Peary pour leurs raids vers le pôle et plus encore alors que le pôle Magnétique de l'époque se trouvait 10° plus à l'est. Dans une zone plus étendue comprenant les régions jusqu'à la baie d'Hudson et tout le nord du Groenland, le site précise : "compass erratic" (boussole non fiable); données que Cook et Peary ne connaissaient apparemment pas. Cook basait son point sur le fait que partant du méridien du pôle Magnétique, il convenait que sa boussole pointe toujours vers le sud. Enfin la visée nocturne de l'Etoile Polaire était évidemment impossible en période de jour permanent.
Le tracé du raid de Peary est très dérangeant de ce point de vue. Que sur un aussi long parcours, avec la dérive de la banquise, l'obligation de faire parfois des détours importants (les hummocks et les chenaux d'eau libre) l'aller et le retour se soient déroulés de manière aussi "rectiligne" paraît plus que surprenant.

 

En manière de conclusion

Peary considérait le pôle Nord comme son objectif, et de penser que quelqu'un, qui de surcroît avait été sous ses ordres, pouvait entreprendre de mener à bien une expédition sur ce qui, pour lui, était sa chasse gardée et même sa propriété privée, le mettait hors de lui.

Des ouvrages cités plus loin, on peut retirer des faits et de ses dires, l'impression que Peary était un être arrogant, cynique, totalement imbu de sa personne, et foncièrement sans scrupules. Tandis que Cook apparaissait très simple, peu intéressé financièrement, mais emporté par la passion pour son sujet : les régions polaires et leurs habitants.

Tous les deux ont présenté des photos prises en studio ou truquées (Cook : le sommet du Mont McKinley). Tous les deux ont découvert une terre inexistante au milieu de l'Océan Arctique (Crocker pour Peary; Bradley pour Cook). Peary a décrit un détroit inexistant. Peary a confisqué les météorites inuits qu'il a ramenés du Cap York, et les a vendus ensuite pour 40.000 $ (800.000 US $ actuels environ). Cook aurait tenté de publier un dictionnaire d'un dialecte sud-américain sous son nom alors qu'il avait été compilé et rédigé par un missionnaire en Terre de Feu.
Bien entendu, tout ceci ne constitue pas de bons témoignages de moralité. Mais la chose qui nous préoccupe est la question initiale : lequel des deux, s'il y en a un, a atteint le pôle ?

L'erreur fatale de Peary est d'avoir "bille en tête" agressé Cook dès la première nouvelle de sa réussite. Les amis et partisans de l'un et de l'autre ont, à partir de ce moment et tels des détectives, scruté les détails de la vie d'explorateur et de la vie privée de Cook et de Peary. Les démarches en vue de ternir la réputation de Cook ont pris des tournures de roman policier. Des témoins (faux) ont été achetés, etc.
Malgré la sympathie que l'on pourrait avoir pour Cook en tant qu'être humain, on ne peut que déplorer les inconsistances internes de ses notes et la pauvreté des données relatives à la manière qu'il avait de faire le point. Ce qui ne permet pas, raisonnablement, de croire qu'il a pu atteindre le pôle, à moins que ne soit par hasard, ce qui paraît une illusion. Les vitesses aberrantes prétendument atteintes par Peary tant en 1909 que d'ailleurs en 1906 rendent ses récits non crédibles. Surtout que chaque fois il n'avait avec lui que des Esquimaux et Henson. Peary n'a pas pu atteindre le pôle.
Sir Wally Herbert disait dans le même courrier : "I could of course go on and on. But what's the point. No one will listen if they don't want to hear, and for every single polar traveller who really knows what he is talking about there are always a hundred more armchair-explorers who are prepared to write what the public wants to hear and to perpetuate the myths" (Je pourrais continuer sans fin. Mais à quoi bon. Personne ne va écouter si on ne veut pas entendre, et pour chaque voyageur polaire qui sait ce dont il parle, il y aura toujours une centaine d'explorateurs en chambre qui sont prêts à écrire ce que le public veut entendre et ainsi de perpétuer les mythes)

La matière est tellement abondante et les informations souvent contradictoires que la tentation à laquelle il a fallu résister est de faire une méta-analyse des opinions plutôt que d'essayer de s'en faire une par soi-même.
Pour conclure, les 10 000 ou 20 000 informations trouvées dans les seuls ouvrages de la bibliographie sommaire ci-dessous, mais impossibles à résumer, n'offrent pas la certitude que l'un -Cook- ou l'autre -Peary- (ou les deux) aurait atteint le pôle Nord. Cette certitude paraît bien relever de la foi. Les seuls gagnants de cette controverse ont été les organes de presse qui, en relatant les épisodes interminables de celle-ci, ont souvent jeté de l'huile sur le feu aux seules fins de fournir matière à copie.
Sans être partisan, si on peut facilement prouver que Peary n'a pas atteint le pôle Nord, par contre personne ne peut prouver que Cook l'a atteint.


QUELQUES REPERES BIBLIOGRAPHIQUES
(précédés de la référence abrégée)

(RB) : Bryce, Robert M., Cook & Peary, The Polar Controversy, Resolved. Mechanicsburg, PA: Stackpole Books, 1997.
(FC) : Cook, Frederick A., My Attainment of the Pole. New York: Cooper Square Press, 2001
(JG) : Goodsell, J. W., On Polar Trails. Austin, Texas: Eakin Publishers, 1983.
(TH) : Hall, Thomas F., Has the North Pole Been Discovered ?. Boston: R. G. Badger, 1917.
(GH) : Hayes, Gordon J., Robert Edwin Peary. London: Grant Richards & Humphrey Toulmin, 1929.
(WH) : Herbert, Wally, The Noose of Laurels. London: Hodder& Stoughton, 1989.
(JM) : Malaurie, Jean, Ultima Thulé. Paris: Editions du Chêne, 2000
(FN) : Nansen, Fridtjof, Vers le pôle. Paris: Flammarion,
(RP) : Peary, Robert E., The North Pole. New York: Cooper Square Press, 2001.
(DR) : Rawlins, Dennis, Peary at the North Pole: Fact or Fiction ? Washington-New York: Robert B. Luce,1973.


A propos de l'auteur

Jacques THEODOR : voyageur nordique, il a effectué 2650 km en traîneau à chiens avec un groupe inuit, dont 600 km sur la banquise ; également 5000 à 6000 km en ski nordique, dont le dernier degré (89-90°) vers le pôle Nord (1997).


 © J. L. Theodor, Laboratoire de Zététique, octobre 2004.
Reproduction totale ou partielle interdite, sous quelque forme que ce soit, sans autorisation écrite explicite.
All rights reserved. No part may be reproduced in any manner whatsoever without written permission.
www.unice.fr/zetetique