© E. Maillot, Laboratoire de Zététique, janvier 2004
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Examen d'un Ovni vu par un pilote de chasse...

Eric MAILLOT

Samedi 8 décembre 1979, 9h 45 à Varois et Chaignot (Côte d'Or, 21), le capitaine Fartek (désormais pilote-instructeur civil) et son épouse prennent leur petit déjeuner à leur domicile. Cette dernière observe de la fenêtre un engin insolite ayant deux parties convexes nettement séparées, l'une bleu marine en haut, l'autre métallique en dessous. Il oscille et se balance, restant sensiblement au même endroit, montant et descendant, près du sol entre quelques centimètres et 2 mètres (selon les sources de presse), au dessus d'un champ, entre leur maison et une haie d'arbres située à 250 mètres, devant laquelle l'objet se découpe. Puis se redressant, pour prendre la forme d'un cigare proche de la verticale, l'objet, après ce rapide changement d'assiette, part pour «une montée en accélération». Les témoins le perdront de vue à cause d'un relief proche. Aucune trace ne sera trouvée, aucune photo ne sera prise.

De nombreuses sources (dont le rapport COMETA, voir plus bas) mettent en avant ce fait divers comme étant l'observation et le témoignage d'un militaire de l'Air, à l'époque pilote de chasse à la base aérienne 102 de Dijon-Longvic.
L'abus de l'argument d'autorité est ici patent puisqu'il s'agit, essentiellement, d'une observation faite par une civile. L'épouse du pilote s'est trouvée rapidement remisée dans l'ombre du statut de son mari. Ce dernier n'a quant à lui observé que la phase finale puisqu'il reconnaît implicitement ne pas avoir eu de repères visuels lui permettant d'estimer la taille de cet ovni qui se trouvait alors probablement dans le ciel et avait déjà amorcé son départ : « J'ai été averti par mon épouse d'un phénomène insolite apparaissant à quelque distance de notre habitation. M'étant déplacé à la fenêtre, j'ai pu observer un objet se déplaçant de façon instable, à une vitesse paraissant rapide, environ cent mètres au dessus du sol, en direction du Nord-Est. (...) La perte de visuel, due à l'éloignement, a eu lieu après environ 2 minutes d'observation. Seules les explications de mon épouse ont pu me permettre de donner une appréciation quant aux dimensions de l'engin. » (Revue l'Inconnu n°56 d'octobre 1980 p.30, « ovnis et les forces aériennes françaises »).

D'après les descriptions de son épouse, le pilote se livrera à des évaluations basées sur les arbres situés en arrière plan dont «les plus grands mesurent entre 6 et 8 mètres». Lorsque le cigare (en fait une ellipse aplatie d'après un dessin du témoin) s'est redressé, «ses dimensions étaient sensiblement égales au 2/3 de la hauteur des arbres pour sa longueur», soit entre 4 et 6 mètres (voire 10 mètres selon les sources et les interviews) pour une épaisseur de 2 à 3 mètres, vu à 250 m.

Voici la version publiée dans le « rapport COMETA », association d'anciens de l'Institut des Hautes Etudes de la Défense Nationale, comprenant quelques généraux tels MM. Norlain et Letty :

 «Enquête du GEPAN/SEPRA et témoignage devant le comité :
Ancien lieutenant-colonel de l'armée de l'Air, Jean-Pierre Fartek (F) est, au moment des faits, pilote de Mirage III au sein de la 2ème escadre de chasse de Dijon. Aujourd'hui F est pilote dans une compagnie privée. F habitait, et habite toujours, dans le même village à proximité de Dijon. Sa maison est située au bout d'un lotissement donnant sur les champs. A environ 250 m se trouve un bouquet d'arbres d'une hauteur moyenne de 15 m au maximum. Le 9 décembre 1979 vers 9 h 15 du matin, F et sa femme observent un objet insolite (appelé M par la suite) dans le champ avoisinant leur maison ; la météo et la visibilité sont excellentes. M, dont ils estiment les dimensions à 20 m de diamètre sur 7 m d'épaisseur, est en vol stationnaire à 3 m de hauteur environ devant le bouquet d'arbres qu'il masque en partie. En parfaite concordance avec sa femme, le témoin F le décrit comme :
- ayant la forme de deux soucoupes superposées aux contours très nets, renversées l'une sur l'autre, ne présentant ni hublots ni lumières,
- étant de couleur gris métallique sur la partie supérieure, et plus foncée (bleutée) sur la partie inférieure, avec une séparation parfaitement délimitée entre le dessus et le dessous de l'engin. Cette différence de couleur ne pouvait pas être due à une différence d'éclairage, compte tenu de la position du soleil,
- animé de façon permanente de très légères oscillations, dont la fréquence n'était pas très rapide, comme quelque chose recherchant l'équilibre,
- ne faisant aucun bruit,
- ne causant aucune turbulence au sol ni lors du vol stationnaire, ni au moment du départ,
- n'ayant laissé aucune trace sur le sol.

Après un temps d'observation qu'il apprécie difficilement, F voit M osciller plus fortement, il a l'impression que M s'incline un peu vers l'avant (comme le fait un hélicoptère après le décollage en début de translation horizontale). F voit M partir à l'horizontale, à très basse altitude, sans bruit, sans laisser de traînée, à très forte vitesse et disparaître à l'horizon en quelques secondes. F a témoigné à la gendarmerie de l'Air de la base aérienne de Dijon. Il croit savoir que d'autres personnes ont observé le phénomène sans oser aller témoigner, notamment ses voisins et leurs enfants qui auraient fait la même observation. Cette observation, d'un pilote professionnellement bien averti des phénomènes aéronautiques, n'a jamais reçu d'explication.»

 

On notera que ce rapport COMETA, remis au premier ministre et au Président de la république en 1999, indique pour cette affaire :

1/ une
date différente de celle donnée à l'époque (dans toutes les publications «samedi 8 décembre»),
2/ une
heure différente de celle donnée à l'époque (9h 45 ou 9h 52 selon les sources),
3/ une
taille de l'ovni augmentée dans des proportions significatives,
4/ une
hauteur des arbres augmentée également,
5/ un grade de
« lieutenant-colonel » pour le témoin ; alors que le grade, au moment des faits, de «capitaine» n'est pas mentionné.
6/ que le phénomène observé est considéré comme non-identifié, sans explication,
sans faire état d'aucune vérification ou des hypothèses explicatives envisagées puis exclues de la part du GEPAN/SEPRA (ou du COMETA).


Divers éléments de ce récit suggèrent pourtant une explication très simple et largement cohérente avec divers détails relatés :
- les deux couleurs nettement séparées et l'aspect métallisé d'une des parties,
- la forme variable selon la position de l'objet (de demi-lune ou de croissant, cigare ou ellipse aplatie, triangle aplati),
- les mouvements (ondulation, oscillation, balancement, montée et descente très près du sol, quasiment sur place puis «inclinaison de l'assiette» avant départ, montée en accélération).

Il s'agit très probablement d'un... ballon d'enfant, biface « bleu marine/ argenté » souvent en forme de coussin ou de coeur, gonflé à l'hélium, qui flottait au dessus du champ et qui aurait été emporté par un coup de vent derrière le relief proche vers le nord ou nord-est (selon les versions). Vu de côté, il donne bien l'impression de deux soucoupes renversées l'une sur l'autre, avec un aspect d'ellipse aplatie (le dit «cigare»). Sous d'autres angles, il peut être vu sous la forme d'un croissant ou d'un triangle aplati.

Le pilote, dans l'incapacité d'estimer objectivement lui même la taille et la distance de l'objet qu'il observait, aurait commis une seule petite erreur dans ses calculs qui l'aurait éloigné de la solution. Ce n'est pas parce que l'objet observé par son épouse se découpait «devant les arbres» qu'il était réellement observé par son épouse à la distance correspondant à la haie d'arbres c'est-à-dire de 200 à 250 m.
Il était, simplement et bien plus probablement entre 20 et 40 m d'elle au début (phase où le pilote n'était pas présent à la fenêtre). Ces ballons d'enfant peuvent mesurer (pour leur plus grande dimension) environ 0,75 mètres de long sur 0,20 d'épaisseur !
L'erreur du pilote est compréhensible : lui, n'ayant vu l'objet qu'à grande distance sur fond de ciel, a supposé que son épouse n'avait pas vu l'objet à plus faible distance. Dès lors l'ovni vu (et corrigé) par le pilote instructeur avait pris corps.

Dans cette affaire, on ne peut que regretter que pas plus le GEPAN que le SEPRA ou les généraux du COMETA n'aient examiné cette hypothèse, aisément vérifiable avec les sens des vents locaux et la recherche de festivités locales aux alentours de Dijon.

On s'étonnera enfin qu'aucune investigation n'ait été menée par ces organismes auprès des autres résidents proches des lieux, dont certains sont connus comme témoins. Le couple avait, quant à lui, pourtant pensé à l'hypothèse cerf-volant (logiquement exclue ici) à cause des enfants qui, d'après eux, jouaient souvent à cet endroit...

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3 formes : coeur, rond, étoile
2 dimensions disponibles : 48 cm et 75 cm

 

 

Sources de presse :
- VSD hors série, juillet 1999, p18-19 (Rapport Cometa)
- « OVNI, les vérités cachées de l'enquête officielle », R.Roussel, 1994 Ed. A.Michel, p.355
- La Tribune, le Progrès du 14/12/1979
Le Bien Public du 14/12/1979. Fac-similé pdf  de cet article, cliquez ici.
- Revue «Lumières dans la nuit » n°192, février 1980
- Le Républicain Lorrain 15/12/1979
- Revue « l'Inconnu » n°56 d'octobre 1980, p.30, « ovnis et les forces aériennes françaises ».

Remerciements à P. Fournel et R. Leclet pour leur documentation (ADRUP, CNEGU)

 © E. Maillot, Laboratoire de Zététique, janvier 2004
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