Dans ce qui suit, nous noterons I(r) la répartition d'intensité au plan focal du télescope. Nous allons décrire de manière très imagée l'évolution des caractéristiques d'une fonction qui est la densité de probabilité du second ordre de l'image aléatoire I(r), lors du processus d'imagerie d'une étoile double tavelée.
Considérons deux positions et dans l'image. Les intensités qu'on y observe sont respectivement et . Si et sont deux valeurs possibles de la fonction d'intensité I(r), la probabilité conjointe dP pour que
est égale à :
La quantité est appelée densité de probabilité du second ordre de la fonction aléatoire I(r).
On suppose souvent dans nos analyses que l'image est invariante par translation ; cette approximation est d'autant plus vérifiée que la turbulence est plus forte et que le champ de speckles s'étend très loin dans l'image. Sous cette hypothèse, la fonction ne dépend que du décalage . On peut alors écrire :
Et il est évident que
peut être estimé sur un grand nombre d'images comme un histogramme de co-occurence des valeurs en deux points ; ce calcul est illustré en figure dans le cas d'un signal monodimensionnel.
Figure: Illustration du calcul de sur un signal monodimensionnel S(x) (à gauche). Pour un décalage donné, on déplace deux points d'analyse sur la courbe S(x) et on porte dans un graphique (à droite) les valeurs et pointées. Dans l'exemple ci-dessus, on pointe pour le disque grisé et pour le losange noir. Cette opération, répétée sur un grand nombre d'images S(x), fournit une estimation de la densité de probabilité d'ordre deux.
Considérons le cas d'une structure de speckles d'étoile double que nous supposerons orientée sur la direction des abscisses mesurées dans le plan focal. On admet que la condition d'isoplanétisme est vérifiée. On sait que l'image observée est la somme de deux réponses impulsionnelles pondérées par la magnitude des étoiles et décalées d'une quantité égale à la séparation du couple.
Figure: Calcul de la densité de probabilité d'ordre deux pour des tavelures d'étoile double. Sur les images de gauche, on a représenté shématiquement des images de trois tavelures du couple d'étoiles (les deux cercles grisés). Les courbes du milieu représentent des coupes de l'image bidimensionnelle selon une ligne qui passerait au centre d'une tavelure du couple. Les flèches représentent les points d'analyse. A droite, les graphes des densités de probabilité correspondant aux décalages indiqués sur le dessin. Voir le texte pour plus de détails.
Soit le rapport d'intensité des étoiles et d leur séparation. Soit s la taille du speckle. Nous prendrons le décalage spatial suivant la direction des abscisses. La figure montre l'evolution des plans en fonction du décalage . On observe les phénomènes suivants :
On voit sur cet exemple simple comment la simple analyse visuelle des figures des densités de probabilité permet d'accéder au vecteur séparation et à la différence de magnitude entre les étoiles. Pour une image réelle, le décalage s'exprime en unités de pixels et peut prendre valeurs si l'image est de dimension . On obtient le vecteur séparation en examinant les plans pour toutes les valeurs de et en recherchant la présence d'une ligne de crête. La différence de magnitude entre les étoiles est simplement donnée par la pente de la ligne de crête. Il est important de remarquer ici que est déterminé sans équivoque : une valeur mesurée de 0.8 signifie que la deuxième étoile rencontrée lorsqu'on balaye les images pour calculer la densité de probabilité possède une intensité de 0.8 fois celle de la première. L'image du systême peut alors être obtenue sans ambiguité. La même analyse aurait pu être faite sur les fonctions caractéristiques, transformées de Fourier de la densité de probabilité dans les plans et qui présente de la même façon une direction privilégiée lorsqu'elle est calculée pour un décalage égal au vecteur séparation.