Reproduction totale ou partielle interdite, sous quelque forme que ce soit, sans autorisation écrite explicite. All rights reserved. No part may be reproduced in any manner whatsoever without written permission. |
Mémoire de l'eau. On remet ça !
Pr. Henri BROCH
N.B. : Cet
article est une reproduction partielle de la
partie consacrée
à la Mémoire de l'eau dans le livre de Henri
Broch
"Au
Coeur de l'Extra-Ordinaire" (Ed.
Book-e-Book 1991,... 2015). Pour une version complète, se
reporter directement
à l'ouvrage.
Article à lire après avoir
lu : Mémoire
de l'eau 1 : la fumeuse
mémoire de l'eau et avant de
lire, en complément :
Mémoire
de l'eau 3
Alors que les
lignes sur la "mémoire
de l'eau" étaient achevées, le titre du dernier
chapitre "Pour conclure provisoirement" trouvait une
justification supplémentaire de sa validité.
Toutefois
pour épargner au lecteur les migraines
consécutives
à une trop forte concentration sur cette étude de
produits dilués, je me contenterai de vous livrer ces
quelques
informations récentes sous la forme de cet
encadré.
"L'agitation de solutions hautement dilués n'induit
pas d'activité biologique spécifique",
tel est en effet le titre d'une Note publiée dans
les
Comptes rendus de l'Académie des Sciences de fin
février-début
mars 1991 (t. 312, série II, p. 461-466) et
signée
de Jacques Benveniste, Elisabeth Davenas (toujours à l'U200
de l'INSERM), Béatrice Ducot, Béatrice Cornillet,
Bernard Poitevin, Alfred Spira.
(...)
Cette "publication" a été acceptée
en réalité de manière un peu
particulière
puisque son titre amène la note de bas de page suivante:
"Les Secrétaires perpétuels [de
l'Académie
des Sciences] indiquent que cette Note est publiée au titre
du droit de réponse à la note
de M. Jean
JACQUES intitulée La "Mémoire de
l'eau":
Remarques sur le test utilisé dont la
référence
est donnée en (2) du présent article".
M. Jacques (Comptes rendus de l'Académie des Sciences,
t. 310, série II, p. 1437-1439, 1990) se demandait si le
test coloré sur lequel repose l'hypothèse de la
mémoire de l'eau ne pouvait pas "être
biaisé
par une réaction d'oxydo-réduction mettant en jeu
le glucose, le bleu de toluidine et l'oxygène de l'air",
oxygénation due à l'agitation des solutions,
d'où
le titre du droit de réponse.
Outre le fait que l'hypothèse de Jean Jacques semblerait
conduire à un effet inverse de celui
qui était
revendiqué par Benveniste et al., l'information de M.
Jacques
ne me semble pas non plus être particulièrement
adéquate.
En effet, il déclare sans ambages: "Pour un excellent résumé
vulgarisé de ces discussions [celles
qui ont
suivi la publication de J. Benveniste et de son équipe], voir M. de Pracontal, Les
Mystères de la
mémoire de l'eau..."
(référence
N°2 de la Note de Jean Jacques).
Les lecteurs du chapitre spécifique que j'ai
consacré
à cet ouvrage apprécieront certainement
à
sa juste valeur ce à
quoi un membre du Collège de France renvoie ses
collègues
scientifiques (une
note des Comptes rendus de l'Académie des Sciences
n'étant
pas spécialement destinée au public le plus
large...)
pour
information !
Avec de telles sources
d'informations et de
telles (mé)connaissances du dossier, comment voulez-vous
que le débat puisse s'instaurer sérieusement ?
Ceci étant clarifié, et sans vouloir entrer dans
les détails et la technicité, je
résumerai
en disant que ce travail comprend deux parties et je
n'évoquerai
ici que la première et principale (la deuxième
partie
porte sur le pouvoir inhibiteur d'Apis mellifica et
je
renverrai donc le lecteur au chapitre sur les effets anti-allergiques
dans la partie sur l'Homéopathie).
L'essentiel réside dans le fait que Benveniste et al. ont
compté les basophiles humains dans des
échantillons
après incubation avec de l'eau distillée ou des
antisérums anti-IgG ou anti-IgE dilués
jusqu'à
10 puissance 30 fois.
En particulier, les auteurs affirment: "L'achromasie
[tiens, le terme de "dégranulation" a
cédé
la place...] des basophiles n'a été
retrouvée
que pour les dilutions d'anti-IgE; l'anti-IgG ou l'eau
distillée,
qui ont subi le même processus de dilution/agitation,
étaient
sans effet..."
Dommage que le tableau
présenté
pour soutenir ces dires spécifiques ne donne aucun
résultat avec l'eau distillée. Seuls sont
donnés
les nombres de basophiles comptés pour anti-IgG et anti-IgE;
ce qui empêche malencontreusement de déterminer la
variation du nombre de basophiles entre deux
produits déclarés
inactifs (l'eau distillée et anti-IgG).
Il eût
été intéressant de connaître
l'écart
entre eau distillée et anti-IgG afin de pouvoir le comparer
à l'écart entre anti-IgG et anti-IgE; imaginez un
instant que ces deux écarts aient été
du
même ordre de grandeur: la conclusion s'imposait
d'elle-même...
Sans s'étendre longuement, on peut remarquer que,
curieusement,
les auteurs déterminent la moyenne
du nombre de basophiles sur plusieurs
ordres de dilutions
(10 ordres; des
dilutions d'ordre 21
à 30) dans une expérience donnée alors
que
ce qui était revendiqué dans la publication de
Nature,
c'était, avec une période de 6 à 9
ordres
de dilution, la variation
de l'activité en fonction... de l'ordre de
dilution !
Autrement dit, on moyenne les valeurs des
dilutions qui étaient
censées être actives avec celles des dilutions qui
étaient censées ne pas l'être.
De qui se moque-t-on?
Mais peut-être les
"referees"
des C. R. Acad. Sc., si tant est qu'il y en ait eu, ont-ils
oublié
la teneur de la publication de Nature?... Il est
vrai qu'entre
le célèbre article et cette Note-droit de
réponse,
près de 3 ans se sont écoulés...
A titre indicatif, je signale qu'il est beaucoup plus légitime
de moyenner, sur l'ensemble des expériences
rapportées
(dix-huit), les valeurs qui sont obtenues pour un ordre de
dilution donné.
Ainsi, j'ai pris au hasard l'ordre de dilution 26 et fait la sommation des valeurs des 18 expériences pour cet ordre de dilution précis. Le résultat est intéressant: ...la manipulation n'offre aucun intérêt !
En effet, la différence des moyennes entre anti-IgE et anti-IgG n'est en rien significative (pour les passionnés-précis: m(anti-IgE) = 61,9 et m(anti-IgG) = 69,8 avec comme écart type d'échantillon... sigma(anti-IgE) = 14,6 et sigma(anti-IgG) = 19,4 !!).
On se demande pourquoi les
spécialistes
de statistiques (qui, notons-le au passage, nous donnent, dans
leur tableau des expériences, les moyennes des échantillons
avec les écarts types de... population!)
impliqués
dans cette galère n'ont pas soulevé ce
léger
problème...
Autre remarque: pour
une expérience déterminée, le nombre
de basophiles
dans le témoin (c'est-à-dire
quelque chose qui est censé demeurer à peu
près
constant) peut varier
jusqu'à 93% !
Cela vous paraît sérieux de retenir de telles expériences?
La même remarque (qui devient alors fortement désobligeante, mais la vérité est là) peut être faite si l'on s'intéresse à un ordre de dilution donné : d'une expérience à l'autre, le nombre de basophiles témoin peut varier jusqu'à... 375% (oui vous avez bien lu: trois cent soixante quinze pour cent)!
Tout cela atteint le sublime
lorsque vous saurez
que les
18 expériences
présentées ont été retenues
pour leur
fiabilité dans un groupe de 45
; je vous laisse
imaginer les données que pouvaient
contenir les 27 autres...
En résumé, cette Note-Droit de réponse
de
Benveniste et al. n'amène strictement rien de nouveau et
confirme même plutôt la pauvreté
méthodologique
utilisée par ces chercheurs pour tenter de prouver un effet
spécifique de produits "hautement dilués".
Henri
BROCH.
Extrait reproduit du livre "Au
Coeur de l'Extra-Ordinaire"
(Ed. Book-e-Book 1991,... 2015)
N.B. : Le présent article est à lire après avoir lu : Mémoire
de l'eau 1 : la fumeuse
mémoire de l'eau
et avant de lire, en complément :
Mémoire
de l'eau 3 : Deux profs et un
zéro...
Reproduction totale ou partielle interdite, sous quelque forme que ce soit, sans autorisation écrite explicite. All rights reserved. No part may be reproduced in any manner whatsoever without written permission |